En prenant l’avion hier soir, des centaines de touristes ne vivront pas les vacances espérées. Avec l’instauration du confinement partiel et du couvre-feu, les nouveaux arrivés sont partagés entre la désillusion et un léger sentiment de colère.
Une pluie fine et un léger vent accueillent les touristes à l’aéroport de Roland-Garros, ce 30 juillet 2021. Une légère douche froide qui traduit le sentiment des vacanciers. Les valises sur le chariot, ils se dirigent vers leur logement. Avec l’instauration du confinement partiel et le couvre-feu, ils pourront ne se déplacer que dans un rayon de 10 km du lundi au samedi et de 5 km le dimanche.
La situation sanitaire à La Réunion s’est fortement dégradée ces derniers jours avec la présence du variant Delta. En une semaine, le nombre de cas hebdomadaires a doublé pour passer à 2616 cas.
Ce jeudi, lors de sa conférence de presse, le préfet, Jacques Billant a rappelé que le taux d’incidence est de 360 pour 100 000 habitants et le taux de positivité avoisine les 10 %, des indicateurs bien au dessus du seuil d’alerte.
Le nombre de 117 lits en réanimation est atteint. Martine Ladoucette, directrice de l’ARS, rappelait qu’en l’absence de soignants supplémentaires, ce nombre ne pourrait pas augmenter. “Les efforts ne sont pas sans limite et sans contrepartie. Il n’est pas normal que les services de réanimation soient régulièrement au bord de la saturation comme c’est le cas aujourd’hui”, précisait la directrice de l’ARS. Le préfet a donc annoncé de nouvelles mesures pour freiner l’épidémie de Covid-19.
Sur la route pour l’aéroport ou au moment de l’enregistrement, les touristes se sont renseignés via les médias locaux ou les réseaux sociaux et ont découvert l’instauration d’un confinement adapté et d’un couvre-feu strict. "On est quand même venu car on vient pour un mois. On espère pouvoir en profiter durant le mois d’août, précise Matthieu. Il y avait plein de choses qu’on voulait voir. Tout sera très restreint durant au moins les 15 premiers jours. On ne va pas prendre le risque de bouger au-delà du rayon de 10 kilomètres. C’est vraiment embêtant".
Sa compagne, Fanny ne cache pas sa déception et craint pour ses vacances. "Les bars, les restaurants qui sont fermés, c’est dommage. Les vacances c’est fait pour ça. On a un peu les boules quand même surtout que nous, on est vaccinés. C’est encore plus énervant".
Tous les deux travaillent dans le domaine médical et ont suivi les injonctions du gouvernement appelant les soignants à se faire vacciner. "On répète inlassablement que tous les soignants doivent être vaccinés. On se fait vacciner. On a le test PCR négatif. On arrive ici et on nous dit qu’on a le droit de rien faire, comme ceux qui ne sont pas vaccinés. C’est vraiment frustrant et énervant", souligne Matthieu.
Même son de cloche pour Olivier. "Pour les personnes qui ont le pass sanitaire, c’est dommage d’être limité. Alors que le discours du gouvernement est plus tôt, si on est vacciné, on a plus de liberté mais là ce n’est pas le cas".
Les vacanciers sont déçus de ne pas découvrir l’île, ses cirques, son volcan, ses cascades et autres curiosités. Le programme est revu. Il faut s’adapter à ces nouvelles mesures. "Ce sont les seules vacances qu’on a de l’année. Quand on apprend qu’on ne plus rien faire quasiment. Ça fait un peu mal", souligne Adam qui partira le 14 août.
Emilie reste trois semaines. Elle espère pouvoir profiter de toute l’île, la dernière semaine de ses vacances. "On avait prévu plein de choses. Ça faisait trois ans qu’on n’était pas venu. On comprend les mesures mais quand elles nous tombent dessus, on se dit que ça aurait pu attendre un petit peu. On croise les doigts et on espère que ça va se décanter un petit peu. On espère qu’on pourra découvrir toutes les beautés de l’île", précise la mère de famille.
Derrière leur masque, difficile de lire un sourire. En regardant en direction des montagnes dyonisiennes, un arc en ciel se montre, laissant présager des jours meilleurs et l’espoir de passer, malgré tout, de bonnes vacances.