Après onze mois de captivité au Nigéria, Francis Collomp a fait le choix de se confier pour la toute première fois aux médias réunionnais. Cet ex-otage aujourd’hui libre révèle comment il a pu s’évader.
Hier, c’est avec énormément d’émotion que Francis Collomp s’est confié aux médias réunionnais. Pour la toute première fois, cet homme a révélé les conditions de sa détention, comment il a réussi à tenir psychologiquement, enfermé dans une minuscule cellule au Nigéria. Retenu en otage pendant 333 jours précisément, cet ingénieur a accepté de raconter les épreuves qu’il a subi.
Francis Collomp affirme qu’il se sent bien à l’heure actuelle mais il a perdu 38 kilos durant sa détention. Pour ses proches et sa femme Anne-Marie, le retrouver affaibli a été un choc.
Ce Portois confie également les moments de tristesse et d’émotion qu’il a dû traverser seul, particulièrement le jour où il a entendu la voix de sa femme sur les ondes d’RFI. "Avoir eu des nouvelles de ma famille, le message de ma femme le 22 juin était dur à encaisser émotionnellement." Il explique : "c’est dur car vous recevez un message, mais vous ne pouvez pas répondre, ni aider la personne."
Au bord des larmes, il assure : "revoir ma belle-famille aussi, c’est prenant." Il ajoute : "ce sont vraiment tous les soutiens qui m’ont ému", montrant son courage, "la captivité, les coups de crosse, être menacé, j’avais le caractère pour y résister." Francis Collomp tient aussi à remercier les Réunionnais : "je connaissais déjà leur chaleur humaine, je leur dis plus que merci."
Les conditions de détention de Francis Collomp
"Au départ, c’était très dur". Francis Collomp raconte qu’il a été transporté enfermé dans un coffre après son enlèvement. Secoué, ballotté, il a ensuite été séquestré dans une cellule, avec une simple natte jetée au sol pour dormir. Quant à la nourriture, tout était rationné au gramme près. "Le pire, c’était pendant la période de Ramadan, où je n’ai eu que 80 grammes de biscuit par jour."
Le Réunionnais a aussi tenu à rester en forme physique : "je me suis mis en tête de marcher 15 kilomètres par jour en cellule." Mentalement il s’est raccroché "pendant que je faisais cela, je m’imaginais des scénarios d’évasion et j’analysais ce que me disait le manager ou je prenais mon cahier."
En captivité, sa journée était ainsi organisée : "je me levais à 5 heures le matin, je marchais 7 kilomètres puis 8 l’après-midi et je me couchais à 23 heures."
L’évasion
Le Réunionnais s’est libéré de lui-même. Une évasion qu’il construit en gagnant la confiance de ses geôliers : "J’ai toujours pensé qu’il fallait que je me tire", affirme-t-il avant de raconter son évasion.
"C’est une erreur du geôlier qui a laissé les clés à l’extérieur de la porte alors qu’il était allé faire ses ablutions avant la prière", détaille-t-il, "j’ai ouvert doucement la porte, je me suis raclé la gorge bruyamment pour masquer le bruit des clés qui refermaient la serrure." Ensuite, il est sorti de son lieu de captivité : "je savais comment quitter la maison et atteindre une rue et une voie plus importante 400 mètres plus loin."
L’ex-otage est aujourd’hui libre et évoquer cette terrible épreuve reste très difficile. Et c’est avec beaucoup d’émotions que Francis Collomp évoque son retour à La Réunion : "j’aimerai retourner à La Réunion incognito." Francis Collomp et sa femme Anne-Marie seront de retour à La Réunion ce lundi 25 novembre.