Les années passent, et les records de chaleur n’en finissent plus de pleuvoir à La Réunion. En décembre 2019, de nouveaux sommets ont été atteints.
Chaleurs étouffantes, températures inédites, le réchauffement à La Réunion est palpable. Plusieurs phénomènes sont à l’origine de ces récents records analyse le météorologue François Bonnardot.
Chaleur : Les températures ne descendront pas
La Réunion, pourrait paraître isolée au milieu de l’Océan Indien. Pourtant, elle subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Loin d’être éloignée de tout, l’île est partie intégrante d’un système globalisé.
"Le premier constat est que nous ressortons d’un mois de décembre extrêmement chaud pour la saison. Mois après mois, des records ont été battus.
Déjà l’été dernier, la dernière saison chaude avait été particulièrement marquée par des records de températures. Je vous rappelle que l’on avait battu le record de température absolu durant la dernière saison chaude avec 37 degrés.
Enfin, sur cette fin d’année, nous sommes largement au-dessus des normales. Nous avons constaté une anomalie véritablement emblématique pour le mois de décembre : +1,4 degrés en moyenne sur La Réunion.
Les températures de décembre 2019 auraient dû être celles du mois de février de l’été austral", alerte patiemment le spécialiste, responsable du service d’étude et climatologie à Météo France, justifiant ainsi les raisons de ces phénomènes climatiques.
Quand les vendeurs de ventilateurs se réjouissent, les Réunionnais subissent. Cette hausse des températures marquante en décembre s’explique à travers deux raisons différentes. L’une est ponctuelle, épisodique, liée à l’océan Indien, l’autre est globale, et se lit sur une échelle de temps plus longue.
"Deux phénomènes se superposent. D’abord le contexte de long terme de réchauffement global qui affecte également La Réunion avec un réchauffement moyen de +1 degrés sur les cinquantes dernières années.
Se rajoute à cela un phénomène naturel lié à la variabilité des eaux de surfaces de l’Océan. Cette année nous avons vécu un épisode de dipôle de l’Océan Indien en phase très positive. Les eaux sur la partie Ouest du bassin Océan Indien étaient nettement au-dessus des températures normales pour l’Océan. Comme La Réunion est entouré de l’Océan, l’île a été très affectée par les fluctuations de ces surfaces", poursuit François Bonnardot.
Chaleur : la température ressentie atteint 43°C à St-Denis
Pour distinguer ce qui concerne le déréglement climatique de simples phénomènes cycliques, l’ingénieur met en perspective les évolutions globales de la Météo à La Réunion.
"Le climat a toujours varié, certaines années seront plus sèches que d’autres et d’autres plus humides. Il ne faut pas perdre de vue pour autant le phénomène de réchauffement climatique global. Les moyennes que l’on calcule sur 30 ans sont en train d’augmenter.
Le climat est en train de changer, de se réchauffer. Nous sommes sur une nouvelle année record, l’année la plus chaude à La Réunion. Le dernier record datait de 2017, et nous l’avons battu.
L’océan Indien ne va pas se refroidir rapidement parce qu’il y a beaucoup d’inertie. Dans les mois qui viennent, on peut s’attendre à un mois de janvier et de février, plus chaud, supérieur à ce que l’on a pu connaître en décembre.
Il y aura une moyenne de 31 degrés sur le littoral Nord de La Réunion, et des pics à 34 et 35 degrés dans de nombreuses zones" conclue le spécialiste de Météo France.
L’année 2020 pourrait une nouvelle fois obtenir son lot de records, avec une atmosphère chaque jour plus brûlante.