Le président de la branche réunionnaise du Syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels et des Pats des Sdis de France, Willy Lauret, a adressé une lettre à la direction du SDIS afin d’en dénoncer la gestion. Il demande à Stéphane Fouassin, président du conseil d’administration du service département d’incendie et de secours, un certain nombre de changements. Notamment une augmentation des effectifs et une meilleure gestion du temps de travail des pompiers en carrière depuis de longues années.
Dans un courrier destiné au président du conseil d’administration du service départemental d’incendie et de secours, Stéphane Fouassin, le président du syndicat des sapeurs-pompiers de La Réunion, Willy Lauret, dénonce de multiples dysfonctionnements au sein de la gestion interne du SDIS.
La première revendication du syndicat est une meilleure répartition des tâches entre les nouvelles recrues et les personnes en poste depuis longtemps. Les employés avec de nombreuses années de service et donc les plus âgés seraient contraints d’effectuer les tâches les plus difficiles et seraient envoyés sur le terrain plus souvent que les plus jeunes. Une situation pénible qui agace ces pompiers qui sont déjà fatigués par les nombreuses années de service qu’ils ont effectué, selon Willy Lauret : "On souhaite que le temps de travail soit réparti équitablement. Les anciens veulent avoir un régime de travail allégé mais on offre ce régime aux jeunes recrues qui arrivent. Les jeunes sont payés pour faire un travail de bureau et les plus anciens doivent aller sur le terrain."
Le syndicaliste déplore également une mauvaise répartition du temps de travail entre jeunes et moins jeunes dans son communiqué. Notamment par rapport au temps des gardes : "nos jeunes recrues sont systématiquement placées en régime de 12h, alors que nos anciens qui sont épuisés sont maintenus en régime de 24h", le président du syndicat décrit un "SDIS inversé".
Concernant la répartition du temps de travail et la répartition des tâches, Stéphane Fouassin conteste les propos avancés par le syndicat. Il indique que discussions sont régulièrement organisées sur le sujet : "on est très ouvert au dialogue social et le temps de travail fait partie de ces communications."
Willy Lauret pointe également du doigt le manque d’effectif dont souffre le SDIS et qui selon lui ne fera qu’empirer : "En 5 ans, 400 pompiers vont partir à la retraite", un nombre de départ conséquent qui sera difficilement remplacé. Il rajoute, "depuis plus de 10 ans que je dénonce ces faits, le manque d’effectif se creuse". Le président du syndicat des pompiers exprime son inquiétude sur ce problème en cette période de crise sanitaire : "Les interventions augmentent et les effectifs diminuent. Le minimum d’effectif dans chaque caserne a été diminué, à Saint-Paul on était à 15 personnes minimum la journée et 11 le soir. Aujourd’hui le minimum est à 9 personnes. Après Montgaillard on diminue encore les effectifs."
Le président du conseil d’administration du service département d’incendie et de secours, Stéphane Fouassin affirme de son côté que depuis son arrivée au mois d’août il œuvre pour combler ces manques d’effectif : "On a pris ça à bras le corps et on recrute 200 pompiers qui vont venir renforcer les équipes, ce qui est du jamais vu. On a également recruté en CDI 30 pompiers pour renforcer les équipes. Nous allons aussi recruter 50 pompiers volontaires chaque année". Il rajoute : "On a la chance d’avoir des casernes dans toutes les communes qui peuvent venir en renfort en cas de besoin".
Le président du syndicat affirme "retracer le mal-être" qui est présent depuis plusieurs années au sein de la profession. Il déclare avoir porté ces doléances aux oreilles des dirigeants de nombreuses fois sans avoir reçu de solutions concrètes : "Le 18 janvier on a rencontré Mr Foassin mais ça n’a rien donné, ce n’était que de l’écoute. Il n’y a plus de confiance, au quotidien en caserne les gens en ont marre. On sait que ça ne pourra pas se régler du jour au lendemain mais on veut au moins un plan et être entendu", soutient le syndicaliste. Concernant le courrier qu’il vient d’envoyer, il affirme : "J’ai demandé une rencontre avec Mr Foassin et sinon avec le préfet. Si personne ne nous répond, on déposera un préavis de grève".
La présidence du conseil d’administration du SDIS affirme qu’elle communiquera une réponse au syndicat prochainement. Stéphane Foassin assure de son côté : "On entend et on traite l’urgence. Je comprends que les syndicats montent au créneau, mais il faut prendre en compte ce qui a été fait".