La commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, la Ciivise, est à La Réunion. Son coprésident, juge des enfants, Édouard Durand participera à deux réunions publiques, demain et mercredi, ouvertes aux victimes, à leurs proches, aux professionnels.
Le coeur de la mission de la Ciivise est de recueillir les témoignages des femmes et des hommes victimes de violences sexuelles dans leur enfance. Cet appel à témoignage a été ouvert depuis le 21 septembre 2021.
Des réunions publiques sont organisées chaque mois dans une ville de France. La Ciivise arrive sur notre île pour deux réunions, l’une à Saint-Denis, l’autre à Saint-Pierre.
En France, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année et 5,5 millions d’hommes et de femmes adultes ont été victimes de violence sexuelle dans leur enfance.
"Les violences sexuelles faites aux enfants, c’est l’histoire d’un déni, c’est l’histoire d’une société qui veut faire comme si ça n’existait pas. Cette réalité existe et nous devons lutter contre. La Ciivise est l’incarnation de l’espoir des victimes. La Ciivise en tant qu’instance publique fait des préconisations pour changer la société et augmenter notre capacité de protection des enfants."
La Ciivise est un endroit où la parole reprend ses droits, c’est un espace de confiance et de sécurité. Il est possible de prendre la parole en toute sécurité et de contribuer à un mouvement social de transformation.
Selon Edouard Durand, la société est aujourd’hui moins dans le déni de l’inceste et des violences sexuelles faites aux enfants. Il estime cependant qu’il faut augmenter la capacité à protéger l’enfant qui révèle des violences.
"Notre première préconisation est le repérage des enfants victimes par le questionnement systématique. Dans une classe de 30 élèves, il y a 1 à 5 enfants qui sont victimes de violence. Le seul moyen de permettre à tous ces enfants de parler c’est de poser la question des violences à tous les enfants".
Selon les chiffres de la Ciivise les violences sexuelles faites aux enfants coûtent chaque année 9,7 milliards d’euros.
"Ce coût est un problème collectif, de politique publique. Deux tiers de ce coût sont les conséquences à long terme, sur la vie entière. Nous estimons qu’il faut construire un parcours de soins spécialisés du psychotraumatisme. Il faut organiser ces soins et en garantir la gratuité", estime Edouad Durand.