Illustration - Dongxu Fang / Costfoto/Sipa USA/SIPA
Enfanter, le but ultime dans la vie d’une femme ? Ce n’est pas toujours vrai. Une fois atteint un certain âge, les femmes ont, pour la plupart, droit à la même question : "à quand le bébé ?" Toutefois, même si elles sont minoritaires, des femmes ont fait le choix de ne pas avoir de descendance pour des raisons diverses. Certaines Réunionnaises ont accepté de témoigner pour LINFO.re.
Aurélia, Mahela et Ana sont catégoriques : elles ne veulent pas d’enfant. Même si les motivations de cette même décisions sont propres à chacune, elles se rejoignent : manque de liberté, faible perspectives d’avenir, ou encore ingratitude des enfants ont été évoqués.
Selon Aurélia, 32 ans, enfant et liberté ne font pas bon ménage. Pour elle, avoir un enfant engendre beaucoup d’investissement et des responsabilités contraignantes, d’après ses observations dans son entourage. "La vie finit par tourner autour de l’enfant et on a tendance à s’oublier, à s’abandonner", note-t-elle.
Pour Mahela, 29 ans, avoir un enfant sous sa responsabilité est une lourde charge : "je ne veux pas être esclave d’une personne." En accord avec la liberté, l’absence de temps pour soi est un des frein à l’origine de la décision de la jeune femme.
Aurélia vit à La Réunion depuis quelques années. Ayant grandit dans le nord de la France et vécu au Canada, elle constate que sur notre île, "enfanter est culturel." "Au Canada, l’épanouissement et le bien-être personnels sont prioritaires", raconte-t-elle. Une mentalité qu’elle a finit par acquérir. De plus, la jeune femme a été entouré d’adultes sans enfants : des exemples, pour elle, que l’on peut être accompli sans en avoir.
Mahela est cheffe d’entreprise et sa carrière prenante ne lui permet pas non plus d’avoir un enfant. D’ailleurs, elle n’envisage pas de la sacrifier pour enfanter. "Avoir un enfant n’entre pas dans l’équation pour que je reste épanouie et heureuse", dit-elle.
L’épanouissement personnel par aussi par le sentiment de bien-être dans son corps. Et, à ce propos, Mahela est catégorique : "Pourquoi faire subir des dégâts à mon corps et risquer de mourir ? Car, oui, même si la médecine a évolué, on peut toujours mourir en donnant la vie", rappelle-t-elle.
"Les enfants sont ingrats et insupportables. Je ne comprends pas pourquoi en vouloir", s’exprime Mahela, avec une note d’humour. La jeune femme n’est pas la seule à mentionner l’ingratitude des enfants, globalement.
En effet, Aurélia est du même avis : "Les enfants d’aujourd’hui, tout leur est servi sur un plateau d’argent. Pourtant, ils finissent par vous faire des reproches, alors que vous sacrifiez tout pour eux, en particulier les adolescents."
Ana, 28 ans, ne souhaite pas avoir d’enfants pour une raison tout autre : elle ne se voit pas mettre au monde un enfant qui devra affronter des problématiques politiques, sociales, mais aussi environnementales dont le réchauffement climatique qui devrait s’aggraver. "Le monde dans lequel nous vivons va de plus en plus mal. Je me demande sincèrement quel monde je vais offrir à mon enfant", s’interroge-t-elle. Pourtant, la jeune femme se dit capable de comprendre le choix des femmes qui veulent avoir des enfants, mais elle en a fait un différent. "Ce n’est pas parce que nous portons l’appareil reproducteur que nous devons obligatoirement l’utiliser", ajoute-t-elle.
Mahela soulève également le point de l’environnement qui vient conforter sa décision : "on est très nombreux sur Terre et la planète se meurt à petit feu", souligne-t-elle.
Quant à Aurélia, elle n’imagine pas qu’un enfant puisse avoir un avenir comme il se doit dans notre société actuelle. "On vit une époque qui fait peur. Avoir des enfants, c’est comme avancer sur un pont, mais devant il y a le brouillard. On ne sait pas quel adulte il sera, ni quel avenir il aura. Et cela nous préoccupe tout le temps", conclut-elle.