Le sénateur Michel Dennemont a déposé mercredi soir lors de sa rencontre avec le président de la République Emmanuel Macron, un courrier concernant la dangerosité du projet de carrière de Bois Blanc.
Michel Dennemont, sénateur de La Réunion, a remis en main propre à Emmanuel Macron, le courrier remettant en cause l’exploitation de la carrière de Bois-Blanc.
Lors de cette rencontre au Palais de l’Élysée, le sénateur réunionnais a pu échanger et expliquer au Président et au Gouvernement, l’impact "gravissime environnemental et sanitaire pour les populations des trois villes concernées et le grand risque pour notre économie touristique". Mais également les risques sur "la faune et la flore locale".
Il semblerait qu’Emmanuel Macron ait été très sensible à ces arguments et surtout à cette inquiétude des Réunionnais.
"Monsieur le Premier ministre, j’ai l’honneur de vous solliciter concernant un projet réunionnais qui m’inquiète au plus haut point : celui de la carrière de Bois Blanc. La Région Réunion s’est engagée dans la construction de la nouvelle route du littoral, dont nous soutenons la finalité. Mais les travaux se sont rapidement heurtés à un problème d’approvisionnement de matériaux.
Devant ce manque de prévision, la Région souhaite créer une carrière à la Ravine du Trou, projet dit carrière de Bois Blanc. Or, ce choix pose de sérieux problèmes économiques, écologiques, sanitaires et sociaux, comme, et pour ne citer qu’eux :
- de graves problèmes à venir d’érosion et d’inondation ;
- la mise en danger d’une nappe phréatique majeure ;
- le gâchis de terres agricoles de grande qualité sur une île au foncier rare ;
- un impact négatif sur notre réserve marine ;
- des tirs de mines quotidiens à quelques centaines de mètres des habitations et des établissements scolaires ;
- la mise en danger sanitaire de la population.
La population ne s’y est d’ailleurs pas trompée : elle a organisé deux manifestations ayant réuni chaque fois plus de 5 000 personnes, chiffre remarquable pour notre île.
Plus grave : on tente de faire passer ce projet sur des bases juridiques plus qu’incertaines. Ainsi :
- deux enquêtes publiques ont rendu un avis défavorable, et une troisième commence ce lundi 25 juin ;
- un arrêt du Conseil d’État de décembre 2017 a rendu irrégulière la procédure préfectorale en vue de valider cette carrière ;
- l’Autorité pour l’environnement, que les élus auraient dû suivre en cas de fort risque de contentieux, a rendu un nouvel avis, très cinglant une fois de plus, en avril 2018 ;
- la Cour d’appel de Bordeaux a annulé la mise à jour du schéma départemental des carrières qui inscrit ce lieu comme possible carrière, rendant caduque sa qualification, par le préfet, de projet d’intérêt général.
Malgré ces éléments, et alors que dans ce climat électrique une troisième enquête publique est ouverte par le préfet, un élu de la Région annonce déjà que la préfecture envisage un nouvel arrêté préfectoral pour novembre, confortant ainsi le sentiment de la population qu’à La Réunion les décisions de justice ne sont pas respectées.
J’avais déjà alerté le Gouvernement en avril dernier. Je renouvelle donc avec insistance et gravité cette alerte : ce projet doit être définitivement clos.
L’approvisionnement en matériaux peut se passer de cette carrière, puisque d’autres lieux ont été expertisés et reconnus comme pouvant apporter les matériaux nécessaires. Et surtout, d’autres techniques permettent de terminer cette route sans détruire La Réunion. Pour preuve, près de 6 km sont déjà construits en viaduc et sont bien visibles de tous ! Les raisons d’ouvrir cette carrière ne relèvent donc en rien de l’intérêt général.
Aussi, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir faire examiner la situation du projet de carrière de Bois Blanc par vos services, qui ne manqueront pas de conclure, j’en suis sûr, à la nécessité d’abandonner ce projet.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Premier ministre, l’assurance de ma considération la plus distinguée.
Michel Dennemont, sénateur"
Les citoyens sont consultés au sujet du projet d’exploitation d’une carrière à la Ravine du Trou dans le cadre du chantier de la Nouvelle Route du Littoral, depuis le 25 juin.
L’enquête publique est lancée suite à la demande de la SCPR (Société de concassage et de préfabrication de La Réunion) qui souhaite exploiter la carrière à ciel ouvert, installer un tri de matériaux, une station de transit de produit minéraux et fabrication d’explosifs. Mais aussi un défrichement pour lequel il y aura une mise en comptabilité du Plan local d’urbanisme de Saint-Leu.