Le secteur de la canne est à l’agonie sur l’île, après une saison particulièrement éprouvante. La crise des Gilets jaunes a accentué des fragilités déjà bien marquées. Certains producteurs pensent même à d’autres débouchés, comme se lancer dans le cannabis thérapeutique.
Dans ce champ de canne du sud de l’île, pas encore de cannabis. La production de zamal étant interdite. Cela pourrait peut être bientôt changer, avec l’avis positif donné par l’Agence française de sécurité du médicament, mais seulement pour un usage thérapeutique. Jean-Bernard Maratchia, planteur de canne, responsable de la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER) n’y est pas opposé.
"Pourquoi pas si c’est contrôlé !"
“Si vraiment c’est à usage thérapeutique et que l’Etat est derrière, je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas. Mais si ce n’est pas contrôlé et que la plantation n’est pas sécurisée pour qu’il n’y ait pas de vol et que les gens i vien servent à zot, moin mi feré pas !”
"Pas de n’importe quelle manière"
Le cannabis à usage thérapeutique, c’est aussi un moyen pour les agriculteurs de se diversifier. Pour Jean-Michel Moutama, agriculteur et vice-président de la CGPER, une législation adaptée est nécessaire.
“C’est du zamal, il faut un cadrage bien spécifique, ça ne pourra pas se faire de n’importe quelle manière.”
Un avis partagé par Mickaël Moutama. “En tant qu’agriculteur, nou lé toujours à la recherche de produits à diversifier. Si là ça répond à une demande, notamment pour traiter des patients et que nou peut apporter notre contribution en mettant des parcelles pour planter cette culture, ça peut être bénéfique pour nous aussi.”
"Production en plein champ, toute l’année"
La Réunion disposerait également d’un bon atout : un ensoleillement qui serait propice à une bonne culture, selon la Fédération départementale des syndicats d’exploitations agricoles (FDSEA), comme le confirme son président, Frédéric Vienne. “Nos climats sont plus favorables à la production en plein champ, en plein soleil et toute l’année de cette production. C’est une filière de diversification parmi tant d’autres.”
Si les planteurs réunionnais sont plutôt favorables à la plantation d’un cannabis à usage thérapeutique, ils insistent sur une législation très encadrée. La concrétisation de ce projet ne pourrait survenir pas avant au moins 2020.