Ce mois d’octobre rose est consacré à la sensibilisation et au dépistage du cancer du sein. Pour l’occasion, Clara a accepté de revenir sur une période particulièrement difficile pour elle, celui du diagnostic du cancer du sein chez sa mère, en 2010. Une maladie qui a touché l’ensemble de sa famille, alors que la jeune femme était âgée de 15 ans.
“Les enfants, je ne ferai pas ma rentrée scolaire”, ce sont les mots que la mère de Clara, professeure, a utilisés pour leur annoncer son cancer du sein. La jeune femme se souviendra toujours de ce 22 juillet 2010 alors que sa famille et elle étaient en vacances en Italie, dans l’insouciance de l’été. Alors, dans la chaleur de cette fin de matinée, sa mère prend à part ses trois enfants âgés de 15, 12 et 8 ans. “J’ai un cancer. Il est à un stade avancé, j’ai des chances de guérir. On va rentrer plus tôt d’Italie, j’ai des rendez-vous avec les médecins”, leur a-t-elle déclaré.
"Cette déclaration me fait l’effet d’une déflagration. D’un coup les questions s’enchaînent… Pourquoi elle ? Pourquoi nous ? Est-ce qu’elle ne va pas mourir ? Comment va-t-on s’organiser ?", raconte Clara. Quelques semaines après leur retour de vacances, sa famille et elle font une halte à Hyères, chez sa grand-mère. "À ce moment précis je comprends que je vais grandir d’un coup", ajoute-t-elle.
"Tout le monde s’effondre autour de moi, je recueille les pleurs en restant forte. Je ne peux pas m’effondrer, cela inquiétera ma mère en premier lieu, mais également ma soeur et mon frère. Ils vont avoir besoin de moi. J’ai perdu le fil du temps. Je ne sais plus si cela fait trois jours, une semaine, ou bien quinze jours que nous sommes à Grenoble. Le téléphone sonne sans cesse. Les amis appellent, les amis d’amis aussi, chacun y va de son témoignage. Certains n’appellent pas de peur de la maladie et n’appelleront plus jamais", raconte la jeune femme.
Après quoi, ses proches entament une nouvelle étape : celui des soins. Ensemble, ils prennent la décision de soigner sa maman à Nantes, une ville proche de leur lieu de résidence.
C’est lorsque la première date de chimiothérapie est fixée que Clara prend vraiment conscience de ce qu’il se passe. Au fil des mois, son père, son frère, sa soeur et elle sont les premiers témoins impuissants de cette lutte que leur mère mène face à "ce crabe qui la ronge."
Les premiers résultats des soins sont encourageants. Pourtant, elle s’affaiblit. C’est apparemment le prix à payer de la guérison.
"Pendant un an nous vivons au rythme de la maladie tout en essayant de continuer à vivre la nôtre. Comme si c’était vital. Une lutte pour montrer que non, le cancer ne gagnera pas. Mon frère Paul et ma sœur Laura vivent différemment cette période. Ma mère enseigne dans le collège où est scolarisée Laura."
La jeune fille de 12 ans assiste, en effet, à l’absence de sa mère dans les couloirs, dans la salle des profs et elles ne font plus le chemin ensemble pour aller à l’école. Son petit frère, Paul, est quant à lui protégé par son jeune âge. Il a créé son protocole de soin : des bisous et prêter son doudou lorsqu’il part à l’école. Leur père, lui, a pris tous ses jours de congés pour être là à toutes les chimiothérapies.
En août 2011, la famille de Clara attend les résultats médicaux de la dernière radiothérapie suite aux séances de chimiothérapie. “C’est bon, les résultats sont encourageants. Nous pouvons commencer la phase de rémission.” Le champagne est ouvert. Les larmes d’angoisses de l’année précédente se sont transformées en larmes de pleurs.
"Nous en sommes conscients, nous avons eu de la chance, mais le chemin est encore long. Notre mère doit suivre dix ans de traitement médicamenteux pour éviter la rémission. Aujourd’hui chaque mammographie est un moment de stress. Chaque résultat est une bouteille ouverte pour célébrer une bonne nouvelle", déplore Clara.
Cette maladie lui aura permis d’apprendre que la vie ne tient qu’à un fil. Elle tient à rappeler, à travers son témoignage, que le cancer ne touche pas seulement le malade. L’entourage est le premier bouleversé. "Nous en sommes ressortis plus forts et très soudés. Ce n’est pas le cas pour toutes les familles", conclut-elle.