A La Réunion depuis des années, la communauté tamoule organise des "bals" ou "narlegon" (naadegam) qui sont des scènes jouées par des malbars. Ces pièces ne sont pas forcément interprétées dans des théâtres mais près d’un temple ou dans une salle commune par exemple. Les scènes sont inspirées par le livre Mahâbhârata, connue encore sous le nom de Barldon avec des histoires comme les mariages des divinités ou encore l’enfance de dieu Krishna.
Encore aujourd’hui très populaire au sein de la communauté tamoule, les bals appelés aussi narlegon sont des mises en scènes des épopées du Mahâbhârata qui raconte en quelques 106 000 vers répartis en 18 livres (parva) et le livre retrace les luttes fratricides de deux clans au sein d’une même famille de divinités.
Ces histoires inspirent donc les bals tamouls qui sont pour les acteurs des personnes lambdas qui n’ont pas d’expériences dans le théâtre. Cet amateurisme fait la richesse des bals tamouls où les costumes hauts en couleur et les scènes peuvent faire rire les gens et parfois même les acteurs eux même. Le bal laisse une large place à l’humour, très présent dans les scènes improvisées inspirées de la vie de tous les jours. Le ton de ces scènes est très souvent mordant et satirique : si le narlgon est un divertissement, il n’en était pas moins un véritable exutoire pour les coolies, lesquels dénonçaient à travers lui les injustices de l’ordre colonial et les travers des puissants.
Le bal tamoul est pratiqué depuis le XIXe siècle par des ouvriers indiens ou par des travailleurs agricoles. Les ouvriers indiens sont appelés des "coolies" et sont venus par milliers après que l’abolition de l’esclavage soit annonceée sur notre île.
Le narlgon est un spectacle total qui mêle scènes chantées, dansées et mimées. Il puise sa source dans la culture tamoule et il s’est peu à peu « créolisé » pour devenir une forme métisse à La Réunion.
Le maître de cérémonie est appelé le "vartial" et chante l’épopée en tamoul et résumes les scènes donc en créole pour que les spectateurs puissent comprendre pendant que les acteurs miment les actions du récit et exécutent des danses au son des percussions indiennes tarlon et matalon.