Et si La Réunion était autosuffisante pour nous nourrir tous ? En attendant une éventuelle autosuffisance alimentaire, des particuliers cultivent ce qu’ils consomment.
Se nourrir presque exclusivement avec ce qu’on cultive dans son jardin, beaucoup en rêvent et certains Réunionnais ont sauté le pas. C’est le cas de Bernard qui, depuis 15 ans, passe sa retraite dans son jardin. Son objectif : produire au maximum ce qu’il veut consommer et en bio.
Au-delà d’une passion, c’est une véritable conviction pour Bernard. "On l’a vu avec la crise des gilets jaunes ou avec le COVID. Au bout de 3 semaines, un mois, il n’y a plus de réserves à La Réunion. Tout le monde se précipite sur les producteurs locaux, mais leur capacité est limitée", explique le retraité.
Pour Bernard, le développement des cultures vivrières est essentiel pour avancer vers l’autosuffisance. "Il faut aussi un élevage qui soit approprié", poursuit-il. Malheureusement, selon lui, les cultures sur l’île tournent essentiellement autour de la canne à sucre. Il faudrait diversifier la production et doubler les surfaces agricoles, selon de nombreux spécialistes.
"Il n’est pas nécessaire d’arracher la canne pour avoir plus de légumes. On a suffisamment de terres, notamment des terres incultes qui ne sont pas travaillées, voire inexploitées. Il faut se concentrer là-dessus pour pouvoir produire plus de fruits et de légumes", lance pour sa part Frédéric Vienne, président de la chambre d’agriculture.
Pour M. Vienne, pour aller vers la souveraineté alimentaire, la diversification est le maître-mot. "Qui dit souveraineté dit diversification des exploitations. À la Chambre d’agriculture, on conseille aux agriculteurs de se diversifier et de ne pas avoir tous les oeufs dans le même panier, en complément de la canne pour qu’il y ait un équilibre sur leur exploitation", souligne Frédéric Vienne.
Le centre de recherche agronomique pour le développement estime qu’il sera difficile pour la réunion d’être entièrement autosuffisante, mais propose quand même des solutions réalisables à court terme. "Ca suppose de changer notre façon de conseiller les agriculteurs, d’imaginer d’autres marchés, des circuits courts", conclut Claire Serdan, chercheuse à la CIRAD.