L’attaque surprise du Hamas contre Israël le week-end du 8 octobre a déjà entraîné une hausse des cours du pétrole. Des experts évoquent ses conséquences sur l’inflation déjà à son paroxysme. La Réunion est-elle ou non à l’abri d’une hausse des prix du carburant ?
Lundi 9 octobre 2023, à l’ouverture des places asiatiques, deux cours du pétrole de référence mondiale ont affiché une augmentation de plus de 5 %. Il s’agit du WTI (West Texas Intermediate) et du Brent. Leurs cours ont par la suite descendu sous la barre des 4 %, respectivement de 3,6 % à 85,77 dollars et de 3,4 % à 86 dollars.
Les analyses des experts et autres observateurs suscitent davantage d’inquiétude. A l’échelle internationale, sans surprise, la hausse des cours du pétrole risque de peser sur l’évolution de l’inflation. Le Moyen-Orient représente 50% des réserves prouvées mondiales de pétrole.
"Le cours du pétrole est susceptible de changer"
D’après Philippe Jean-Pierre, professeur d’économie à La Réunion, "c’est jamais bon pour le cours du pétrole ces sujets".
Ainsi, comme le confirme notre expert, "le cours du pétrole est susceptible de changer". Philippe Jean Pierre ajoute qu’on est loin du scénario de 1973. Pour rappel, à cette période à la suite de la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes, les pays du Golfe décident, en guise de rétorsion contre les pays alliés à l’État hébreu, de réduire leur production.* L’offre se raréfiant, les prix avaient flambé.
Après la guerre en Ukraine, les tensions avec la Chine, et celles déjà existantes au Moyen-Orient, "une nouvelle tension géopolitique ne facilite pas le climat d’échange international. Ce qui se passe au Moyen-Orient n’est jamais neutre", selon l’économiste.
Pour le moment, il est encore trop tôt selon lui pour se prononcer sur les conséquences du prix des matières premières, "à l’inverse de la guerre en Ukraine". Cette zone n’est pas un grenier à blé, par exemple. "Il ne faudrait pas que ça dégénère sinon le prix de l’énergie pourrait être impacté" et cela pourrait alors se répercuter sur le prix du pétrole. Celui-ci pourrait augmenter.
Ce genre d’évènement peut crisper les relations et générer "un comportement de prudence du consommateur. Maintenant attendons de voir comment cela s’installe. Ou pas... Restons prudents ", nous dit Philippe Jean-Pierre.
Si le conflit au Proche-Orient perdure des conséquences sur le prix des carburants sont à prévoir à La Réunion. Pour Julien Baddour, économiste spécialisé dans l’énergie et l’environnement, "la contagion de ce conflit sur les pays parmi les plus importants au niveau de la production et d’exportation aurait de lourdes conséquences sur le prix du pétrole brut mais aussi sur le gaz naturel".
Contactée, la Préfecture de La Réunion indique qu’il est trop tôt pour extrapoler l’impact du conflit sur les carburants. Les prix actuels ont donc vocation à être maintenus sur toute la durée du mois d’octobre. Par ailleurs, ces prix maximums tiennent compte du cours du pétrole. "La composition des prix du carburant ne comprend pas que ce seul facteur et il est donc impossible de prévoir l’ordre de grandeur de cette évolution des prix", rappelle la préfecture.
Au 1er septembre, le prix du litre du sans-plomb était de 1,75 euros et de 1,44 euros/L pour le gazole. Au 1er octobre, le prix du sans-plomb était de 1,82 euros/L et 1,49 euros/L pour le gazole. Un prix à la hausse d’un mois à l’autre de 4 % et 3,47 % respectivement pour le sans-plomb et le gazole. En l’espace de 8 mois, depuis mars, le prix du litre de sans-plomb a augmenté de près de 5,20 % et de 6,43 % pour le gazole.
Si notre carburant vient de Singapour, son approvisionnement ne dépend pas du Moyen-Orient. Malgré tout, en cas d’augmentation du cours du baril (ce qui est possible au regard du conflit actuel), un impact aura lieu sur le prix des carburants à l’avenir vient conclure la préfecture.
A voir donc si au 1er novembre le prix des carburants va évoluer (ou pas)...
Un syndicat des exploitants de stations-service de La Réunion et aussi un distributeur de produits pétroliers ont été contactés pour avoir leur position sur l’augmentation probable des prix du carburant ; pour le moment, aucune réponse de leur part sur ce sujet.
- E.F.
* Source : Les chocs pétroliers - site du ministère de l’Economie