Un gérant d’un magasin de jeux vidéo à Saint-Paul aurait arnaqué des clients en vendant des PS5 "imaginaires" à 1000 euros. Ils seraient aujourd’hui non pas 30, mais une soixantaine de clients qui n’auraient pas été remboursés.
C’est une information révélée par notre équipe de LINFO.re la semaine dernière.
Les faits remontent à plusieurs mois maintenant. Ce sont finalement plus d’une soixantaine de personnes qui auraient été victimes d’une arnaque à la vente de PS5, la dernière console de Sony. Propriétaire d’un magasin spécialisé depuis 2019, le gérant serait parti en métropole et à Dubaï avec l’argent des clients qu’il aurait arnaqué. Les victimes, elles, attendent toujours leur console.
Contacté la semaine dernière, le gérant nie tout en bloc et avance que c’est son fournisseur qui l’a poussé à vendre des PS5 malgré le manque de stock.
"Au début il a mis en vente une dizaine de PS5, quand il a vu que ça marchait bien, il a voulu en vendre 100. Je l’ai prévenu qu’il pourrait y avoir une pénurie et qu’il ne fallait pas le faire, il se moquait de mon avis et me disait de continuer à vendre", explique un employé contacté par LINFO.re. Le prix de vente de ces PS5 fictives : 1000 euros.
"En mai, les clients de mars et avril ne sont toujours pas livrés, mais le magasin continue à prendre les commandes et faire de la pub en disant que les packs arrivent toutes les semaines sur leur page facebook. Les commandes se prennent finalement jusqu’en juin- juillet et les clients de mars, avril et mai ne sont toujours pas servis", résume un client contacté par LINFO.re qui a créé un groupe sur Facebook pour les victimes de l’arnaque.
Selon ce dernier, la fermeture, qui devait durer deux semaines, a plutôt duré un mois et demi. Pendant cette période de fermeture, aucun appel ni message n’auraient été envoyés aux clients. "Entre temps, l’entreprise finit en redressement. Aucun client n’est au courant, sauf nous, car on mène l’enquête."
"En octobre, sur Facebook, on voit des photos du gérant, des liasses de billets à la main, avec du champagne dans une chambre d’hôtel. Et on apprend qu’il part pour Dubaï", poursuit la victime. Selon les dires de ce dernier, des pressions auraient été faites sur des victimes.
"En octobre, on nous envoie quelqu’un sous un pseudonyme pour faire le lien entre le gérant et nous, car il ne peut soit disant pas nous parler directement.” C’est cet intermédiaire qui aurait informé le groupe par mégarde qu’en plus des 12 clients du groupe, 50 autres attendraient eux aussi leurs consoles."
"Cette personne disait vouloir nous aider, mais en réalité, elle voulait juste que l’affaire ne s’ébruite pas. Elle nous a même fait du chantage. Il nous a menacé : si vous venez faire du scandale au magasin ou de la mauvaise pub, vous n’aurez jamais vos PS5", indique-t-il.
Par la suite, on leur promet des accessoires de leurs PS5 en novembre avant de recevoir leurs consoles "avant la fin de l’année" s’ils se "faisaient petits" et qu’ils "n’ébruitent pas l’affaire". "Il voulait aussi nous faire signer un nouveau contrat qui nous aurait fait passer devant les autres personnes n’ayant pas signé de contrat . Nous n’avons pas accepté et on nous a affirmé que les 50 autres personnes ont accepté le contrat. Chose totalement fausse, car la plupart des clients ne savaient même pas que l’entreprise était en liquidation."
Début décembre, le groupe contacte un avocat qui leur demande de s’organiser avec le plus de clients possible. "Pour l’instant on a uniquement les déclarations de créance faites auprès du mandataire judiciaire. Pour l’avocat, il faut avant tout qu’on réunisse plus de clients. On a pu discuter des différents recours, mais pour l’instant on doit réunir le plus de clients possible", conclut-il.
Questionné sur ces nouveaux éléments, le gérant n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevues.
Sebastien Nais / Matthieu Patou-Parvédy