Ce mercredi 12 mai a lieu la journée des infirmiers. Pour l’occasion, LINFO.re a décidé de mettre à l’honneur ces hommes et ces femmes qui sont en première ligne, notamment en cette période de crise sanitaire.
Anne-Laure Albisetti est infirmière libérale dans le secteur de la Ravine-des-Cabris et présidente du Sniil974. Cela fait 15 ans qu’elle exerce cette profession et depuis 11 ans elle travaille à La Réunion.
Un métier, même plus, une vocation inévitable pour elle.
Anne-Laure vient d’une famille très médicale. "Papa est radiologue, maman pharmacienne, ma sœur sage-femme… Pour moi c’est une histoire de famille. Ma mère me disait que quand je voyais du sang en étant petite je disais attend je vais faire un pansement.
Pour moi, c’est un métier où l’on n’arrive pas par hasard. Il y a toujours une histoire qui nous amène là."
Anne-Laure exerce dans le secteur de la Ravine-des-Cabris. Chaque jour, elle démarre sa tournée vers 6 heures du matin pour s’occuper de plus d’une trentaine de patients.
Jusqu’à 19 heures, elle enchaîne les insulines, les bains, les pansements, les prises de tensions…
"À La Réunion j’ai découvert un rythme très dur. Ici les gens commencent tôt et on a beaucoup de diabétiques à aller voir avant qu’ils ne mangent. Si on ne fait pas ce métier par vocation on lâche.
On travaille un week-end sur deux également. Ce rythme imposé a des répercussions sur la vie sociale, familiale et amicale. On doit laisser passer notre planning avant nos proches."
Depuis qu’elle exerce, Anne-Laure a vu le métier changer, évoluer. "À La Réunion, il y a trois ans, on a fait une étude sur l’épuisement professionnel. La semaine dernière également, l’Ordre a fait une enquête et les chiffres montrent qu’un tiers des infirmiers veulent arrêter le métier dans les 5 ans qui viennent. C’est catastrophique.
La plus grosse difficulté c’est le burn out et l’épuisement professionnel. En tant que femme et soignante on donne de notre temps aux autres et on passe après. On ne pense plus à soi, ou alors qu’une fois tout terminé. Et avec le Covid ça a explosé."
Dans son cas personnel, le président du Sniil a bien ressenti cet épuisement. "Mes remplaçantes ont mal vécu la crise Covid. Elles se faisaient fermer la porte aux nez des patients car les gens avaient peur qu’elles transmettent le virus. Une des remplaçantes a même quitté le métier à la fin du premier confinement. Moi j’ai même été victime d’une agression sexuelle par un de mes patients. J’ai jamais pleuré mais là si, je ne pensais pas que ça pouvait arriver.
C’est pesant de travailler avec les masques. On n’a plus de communication avec les gramounes car ils ne voient plus nos paroles. Avec le Covid on apprend à se méfier de tout le monde. Alors que dans notre métier la base c’est l’alliance thérapeutique, la relation de confiance."
Anne-Laure tient tout de même à terminer sur une note positive, car son métier, c’est une véritable vocation.
"Pour moi infirmière, c’est le plus beau métier du monde car j’aime travailler avec les émotions.
Il n’y a rien de plus beau qu’une leçon de vie, on a des retours qui nous font grandir. C’est juste énorme de sentir qu’on peut donner le sourire au patient en donnant jute son écoute et son sourire."