L’ananas Victoria, fruit délicieux, fierté pei, mais une ombre au tableau. Un champignon qui fait tâche. La maladie de la tache noire touche les exploitations, provoque des pertes conséquentes pour les planteurs et s’étend année après année. Quel impact sur l’économie du fruit roi de La Réunion ? Comment éradiquer ce fléau ?
C’est un fruit emblématique de notre île qui fait face à de nombreux problèmes. Outre les fourmis et les cochenilles, les ananas sont aussi touchés par la maladie des taches noires.
Sur son exploitation, Gael Dijoux est plutôt épargné. Le champignon se développe surtout quand il fait face à une forte humidité et est visible qu’au moment de la récolte. Suite à l’arrêt de l’utilisation de certains produits phytosanitaires, de plus en plus de fruits présentent des taches noires. De quoi en décourager certains. "Aujourd’hui ce n’est pas la faute du producteur mais le climat. On n’a pas les moyens de renforcer la plante avec des solutions alternatives. Il y a des producteurs qui sont désespérés et ne plantent plus d’ananas. Elle est gourmande en main-d’oeuvre et en trésorerie ça prend du temps . Et aujourd’hui si on a encore des problèmes de taches au niveau de la récolte il y ’en aura de moins en moins", explique Gaël Dijoux, producteur d’Ananas - Président de l’OP Anafruit.
Même si le fruit reste parfaitement comestible il est plus difficile à vendre.
Il y a 5 ans sur chaque lot d’ananas déposé par les producteurs, une société par exemple en a exporté 70 % contre 48 % aujourd’hui notamment à cause des taches noires.
C’est un coup dur quand on sait qu’avec le letchi l’ananas victoria est un emblème de l’île pour rayonner à l’étranger.
"Il y a des clients autour de Rungis qui m’ont dit qu’ils n’achetaient plus d’ananas victoria parce que leurs clients leur ramène. Ils sont mécontents. Ils préfèrent acheter une autre variété qui est sûre qu’il n’ait pas de tache à l’intérieur. Demain un ananas victoria de la réunion sans tache peut être qu’il vaudra 6 euros si on trouve pas de moyen", ajoute Rachel Graindorge, responsable du pôle protection des cultures tropicales et bio contrôles à l’Armeflhor.
Pour tenter de sauver la filière depuis 2022 une expérimentation a lieu SON but : trouver un produit phytosanitaire pour réduire la maladie tout en limitant l’impact pour l’homme et l’environnement.
"On a réalisé 4 essais sur cette problématique là. Il y en a un autre qui est en cours actuellement et dans tout ce lot d’essais on a trouvé un produit qui a une efficacité satisfaisante contre la maladie. Et là on va plus avoir une solution à moyen terme car il y a tout un processus réglementaire à suivre" , explique David Cayrou, responsable de la société Boyer.
Reste à obtenir une homologation qui peut prendre plusieurs années. D’ici là, pour soulager les producteurs, la seule perspective est celle d’une compensation financière.