Ce jeudi 28 juillet, le député Philippe Naillet s’adresse au ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, dans un courrier. Il interpelle ce dernier sur l’affectation "imposée" des lauréats réunionnais du concours CAPLP et demande à ce que les départs du personnel réunionnais en métropole soient limités.
Monsieur le Ministre,
Je vous remercie pour votre invitation adressée aux députés ultramarins. Malheureusement, des engagements à La Réunion m’empêchent de pouvoir y répondre favorablement et je vous prie d’excuser mon absence. Cependant, je tenais à mettre en exergue les principales difficultés que rencontrent actuellement à La Réunion les personnels de l’Éducation nationale, fonctionnaires ou futurs stagiaires.
Comme dans de nombreuses académies en France, les résultats des concours organisés par votre ministère n’ont pas permis de satisfaire l’ensemble des postes à pourvoir à La Réunion. Chaque année, environ 60 à 70% des lauréats réunionnais dans le 2nd degré sont affectés dans l’Hexagone à 10 000 kilomètres de leur territoire de rattachement.
L’ensemble des élus reçoit de nombreuses demandes de soutien aux révisions d’affectations individuelles. En effet, les cas de mutations et de séparation familiale se multiplient, empêchant le compagnon dont la compagne est enceinte de rester auprès d’elle et vivre la naissance de son enfant et ces premiers mois ou de la compagne qui devrait partir seule dans l’Hexagone pour ne citer que ces 2 exemples. Des instants importants de la vie qu’ils ne pourront pas vivre. Ils devront quitter en quelques semaines les leurs, trouver un logement supplémentaire à financer chaque mois pour la famille avec un traitement à peine supérieur au salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC), sans aide financière pour cette mobilité imposée. Des conséquences psychiques et financières bien plus importantes que pour la plupart de leurs compatriotes hexagonaux.
Si l’application du centre des intérêts matériels et moraux issu de la loi Égalité réelle en Outre-mer adoptée à l’unanimité en 2017 a permis une amélioration de la prise en compte des difficultés rencontrées par les fonctionnaires ultramarins, force est de constater que sa mise en œuvre au sein des administrations est inégalitaire et plus encore perfectible au regard des postes non pourvus à la suite des résultats des concours, des affectations et des mutations dérogatoires pour causes réelles et sérieuses, qui tardent à être satisfaites et maintiennent les fonctionnaires et leurs familles dans des situations très douloureuses, ne servant ni les intérêts des personnels, ni celles de l’État dans son rôle d’employeur (démissions, dépressions…) et sa mission régalienne d’enseignement.
Dès lors, Monsieur le Ministre, il convient de trouver dans les prochains jours les moyens de limiter les démissions – certaines ont déjà été actées et de nombreuses autres pourraient s’y ajouter – des fonctionnaires stagiaires et de pourvoir les postes en vacance pour la rentrée prévue le 16 août prochain. Il est également important de réformer à court terme de manière plus globale la gestion des personnels ultramarins afin de limiter leurs départs vers l’Hexagone.
Au plan professionnel, la connaissance du terrain est un atout supplémentaire pour l’efficacité des fonctionnaires. Au plan personnel, la vie familiale ainsi facilitée ne peut que concourir à l’épanouissement et au bien-être du fonctionnaire. Une meilleure gestion éviterait de reproduire le départ de fonctionnaires qui parfois devront attendre près de dix ans pour revenir sur leur territoire d’origine alors que plus de 1 000 contractuels ont été recrutés l’année dernière et l’affectation des membres de la liste complémentaire seulement après des manifestations.
Monsieur le Ministre, s’il y a d’autres sujets dont nous aurons à discuter à diverses et prochaines occasions, je tenais à vous faire part de cette situation urgente, à quelques semaines de la rentrée scolaire réunionnaise 2022-2023 le 16 août à La Réunion qui sera l’occasion de votre premier déplacement officiel dans ce cadre.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.
Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, pourrait être en visite à La Réunion en "fin-août"