Alcool, tabac, drogue... Le confinement a t-il augmenté les addictions ?
Malgré la fermeture des bars et restaurants et l’arrêté préfectoral d’interdiction de vente d’alcool à partir de 17h00, l’alcool restant accessible, les Réunionnais confinés auraient consommé plus d’alcool durant les deux derniers mois.
"Les gens ont eu tendance à faire des réserves d’alcool, à en avoir beaucoup plus, mais aussi à se rendre compte qu’ils avaient du mal à le contrôler, à gérer leur stock et à en consommer plus que d’habitude, ce sont sur ce type de phénomène que nous avons été alertés par nos usagers" , explique Odile Lecoq, directrice de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) à La Réunion.
Les centres de soins de l’addictologie sont restés ouverts pendant le confinement en présentiel, avec la mise en place d’un protocole sanitaire. "On a également développé la téléconsultation sur toute l’île", précise Odile Lecoq.
Ces centres ANPAA ont reçu plus d’appels que d’habitude, autant en provenance de nouvelles personnes qui se sont rendus compte d’un problème d’addiction durant le confinement, que de la part de patients déjà suivis, pour qui l’enfermement à accentué la difficulté à gérer leur addiction.
La directrice d’ANPAA évoque des conditions stressantes pour les personnes addictes "C’est une période qui a été extrêmement anxiogène, ils ont aussi été confrontés à l’entourage, où des fois on peut consommer sans être vu par les autres, là on se retrouve en présence de la famille, il y a plusieurs circonstances qui leur ont fait prendre conscience de leurs problématiques."
L’enferment a aussi sucité une prise de consicence chez certaines personnes souffrantes d’addictions. "Le fait de ne pas pouvoir ce procurer des produits comme on veut, de ne pas pouvoir sortir, d’être en période anxiogène, fait que les personnes se sont retrouvées face à la réalité de leur problématique", explique Odile Lecoq.
Si l’addiction à l’alcool est une des principales problématiques traitées en centre de soins, les centres ANPA ont également reçu beaucoup d’appels concernant le tabac, mais aussi toutes autres problématiques. "Des gens qui ont consommé beaucoup plus de tabac que d’habitude, on est à 49% de la population qui reconnaît avoir consommé beaucoup plus d’écran que d’habitude", confie la directrice. La durée d’écoute de la télévision a en effet progressé d’environ 1 heure ces derniers mois, et augmente aussi chez les jeunes qui avaient délaissé le petit écran.
Pour Odile Lecoq, il faut aussi voir le bon côté de la consommation d’écran qui "permet de garder le lien, ça permet de s’occuper, parce qu’il y avait beaucoup d’ennui, ça a permis d’avoir des informations positives en période très anxiogène, il y a eu du bien à avoir ces écrans" même si en revanche "les personnes en difficulté dans la manière de gérer ces écrans, c’est aujourd’hui au moment du déconfinement où nous sommes en alerte"
L’enjeu aujourd’hui est de pouvoir sortir de cette forte consommation d’écran et reprendre une activité normale. "On reste vigilant sur le fait que l’euphorie actuelle de retrouver la liberté, (...) c’est normal de faire la fête, on est tous contents, mais restons prudents".
Pour continuer la lutte contre les addictions, en partenariat avec ANPA, le graffeur réunionnais Jace a fait parler ces célèbres Gouzous dans une campagne de lutte contre l’addiction à l’alcool.