À un mois de Noël, les achats de smartphones s’apprêtent à exploser. L’occasion de faire le point sur le rapport que les enfants ont avec les téléphones portables.
La liste de Noël a bien changé. À La Réunion comme ailleurs, il n’est plus d’usage d’écrire sur son petit bureau, une liste longuement réfléchie. Les demandes aussi, ont évolué. Exit les voitures en bois, les poupées de cire ou les CD-ROMS. Désormais, les enfants demandent des téléphones portables. Outil de connexion au monde et élément indispensable d’intégration sociale, le smartphone a désormais sa place dans tous les sacs, entre la trousse et le goûter.
"J’ai Instagram, Snapchat, Netflix pour regarder des films. Facebook et Messenger pour parler avec mes amis. Et je joue un peu aux jeux vidéo." confie un jeune réunionnais.
L’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) a analysé le rapport des jeunes avec les téléphones. Selon un rapport de 2018, 90 % des 12-17 ans possèdent un téléphone en France. Les marmailles réunionnais n’échappent pas à la règle. Ils utilisent les écrans de plus en plus jeune. L’âge moyen pour avoir son premier smartphone est désormais de 10 ans.
Comme la problématique est récente, la Science ne s’est pas prononcée définitivement sur le sujet. Néanmoins, la communauté scientifique s’accorde pour mettre en garde contre une arrivée trop rapide du téléphone. Par exemple, le pédopsychiatre Serge Tisseron conseille d’éviter son usage avant la classe de 5e, soit l’âge de 13 ans. Il faut rappeler que, de la même manière que chaque parent est différent, chaque enfant a des besoins propres et une maturité émotionnelle variable.
Le pédopsychiatre a imaginé une méthode en fonction de l’âge afin d’aider à l’apprentissage du téléphone portable. Baptisée la règle 3-6-9-12, cette technique permet de donner des repères aux parents. Tisseron préconise : "pas d’écran avant 3 ans, pas de console de jeu avant 6 ans, pas d’Internet avant 9 ans, et avec une navigation accompagnée jusqu’à l’entrée en collège, internet seul à partir de 12 ans, avec prudence."
"Pour avoir une expérience personnelle, il est conseillé de ne pas avoir de téléphone avant 12 ans. L’enfant a besoin d’avoir des relations sensorielles, de ressentir les choses." analyse pour sa part le neuropédiatre réunionnais, Renaud Chambon.
Rappelons que depuis la rentrée 2018, les élèves n’ont plus l’autorisation de se servir de leur smartphone ou de tout autre objet connecté à l’école (tablette, montre connectée, etc.). Le règlement intérieur définit plus précisément les modalités de confiscation et de restitution des téléphones ainsi que "les lieux" ou "des conditions" autorisés. En cas d’urgence par exemple, les écoliers peuvent demander à un adulte d’avoir accès à un smartphone.
Cette mesure prise par Jean-Michel Blanquer permet ainsi d’inciter les jeunes à décrocher des écrans, de renforcer leurs relations sociales entre les élèves, de favoriser leur concentration en classe, et enfin, de limiter le cyberharcèlement. Une façon de recentrer les jeunes sur l’essentiel : la vraie vie.