Des membres du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de l’île de La Réunion se retrouvaient vendredi 14 février pour protester contre le manque de moyens dans le monde hospitalier.
Pour illustrer leur preuve d’amour envers l’Hôpital, le personnel de santé décide de former un cœur en rassemblant leurs bras sur le parvis de l’hôpital de Saint-Pierre, sur l’île de La Réunion. Un symbole de solidarité, dans une période de difficultés.
Lionel Calenge, directeur général du CHU
"Il y a une croissance de soins qui est comptée, et nous l’argent que l’on nous donne est en dessous de ça. Donc tant que l’on est sous cette croissance, on va continuer à fermer des lits et à supprimer du personnel" confie Karine. Ces derniers jours, 30 médecins ont choisi de quitter leurs fonctions administratives. Ce geste fort est désormais jugé comme indispensable par les revendicateurs pour se faire entendre du gouvernement.
Hôpital asphyxié, personnel à bout de souffle, les qualificatifs ne manquent pas pour dénoncer un monde de santé en souffrance à La Réunion.
(La pétition à l’origine de la mobilisation)
Interpellé par la démission de plus de 800 médecins chefs de services à l’échelle nationale, le gouvernement a débloqué un plan d’urgence. Agnès Buzyn, ministre de la Santé et des Solidarités a promis une reprise d’un tiers de la dette des hôpitaux.
Cette proportion correspondant à 10 milliards d’euros sur trois ans doit débuter au deuxième semestre de l’année 2020. 1 milliard d’euros de trésorerie devrait ainsi être dégagé chaque année. Autre mesure, les soignants d’Ile de France recevront une prime de 800 euros.
"Cela fait 10 ans que la situation se dégrade dans les hôpitaux avec à la fois une modification de la gouvernance et des économies de santé réalisées chaque année. En tout, 8 milliards sur ces 10 dernières années sur le budget de l’hôpital public. On ne pourra pas continuer si on dégraisse encore" affirme Marie Lagrange, représentante du collectif inter-hôpitaux Réunion-Nord au micro d’Antenne Réunion, le 14 février 2020.
Mais pour les médecins du CHU de Saint-Pierre à La Réunion, tout cela reste insuffisant : "Quand le Ministère demande de faire des économies on enlève des lits pour supprimer du personnel car c’est ce qui coûte le plus cher à l’hopital. On fait les choses à l’envers. On ne répond pas aux offres de soins et aux besoins de santé de la population réunionnaise" affirme une médecin.
Au centre de cette colère, le personnel hospitalier dénonce un hôpital à deux vitesses. Et maintenant même les patients s’en mêlent, comme Caroline, une patiente du CHU de Saint-Pierre, qui compte aussi manifester :
"Il y a un réel problème de santé public. J’ai prévu toute la matinée, et je serais avec eux" confie t-elle. Plus loin, une autre patiente prend partie pour les médecins : "Il n’y a pas de dialogue, ils ne sont jamais écoutés".
Désormais soutenus même par leurs malades, le blues des blouses blanches n’est pas prêt de s’estomper.