Les agriculteurs de la Plaine des Cafres sont au chômage technique. Ils demandent qu’on libère leurs semences de pomme de terre. Raison sanitaire évoquée : trop de terre sur les semences de pomme de terre et des conteneurs bloqués au port.
Ces semences de pomme de terre sont peut être les dernières qu’Antoine Lebihan plante à la Plaine des Cafres. Depuis bientôt un mois, plusieurs dizaines de tonnes de semences sont bloquées au port par les services de la protection végétale. Une mesure aujourd’hui incomprise par ces agriculteurs qui n’ont jamais rencontré de difficulté de ce type.
"Pour quelles raisons, si néna la terre dessus. Le premier lot bana i laisse rentrer et pas les autres lots. Soit i favorise pas nou et i di nou plante pu et i fé venir les pommes de terre de consommation."
Guy André Adolphe, autre agriculteur à la Plaine des Cafres de poursuivre. "La même variété i sorte la même place zot i retourne les conteneurs parce que néna de la terre dessus. Lé normal de trouve de la terre sur la pomme de terre, i trouvera pas de l’or dessus."
En décembre dernier, une première livraison de semences est arrivée sans encombre jusqu’aux champs réunionnais. L’arrivage actuellement bloqué appartiendrait au même lot que celui de décembre. Néanmoins, les deux envois ne bénéficient pas du même traitement. Les planteurs demandent a ce que les conteneurs soient libérés rapidement.
"Il est hors de question de dire que l’on laisse entrer n’importe quoi à La Réunion. Mais nous dénonçons c’est l’incohérence entre les services", dénonce Jean-Michel Moutama, vice-président de la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPR).
Du coté des services de la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de La Réunion (Daaf), on parle d’une non conformité de ces semences. A travers la terre, plusieurs parasites peuvent être importés et ainsi contaminer les sols réunionnais, comme ce fut récemment le cas. Des analyses sont en cours afin de s’assurer qu’aucun risque n’est encouru, explique Laurent-Xavier Delmotte, chef du Pôle sécurité sanitaire des aliments et interventions judiciaires à la Daaf.
"Nous avons mobilisé des experts du Ministère en charge de l’Agriculture à Paris, dans les organismes scientifiques pour avoir une réponse la plus appropriée possible aux risques réels. Les éléments sont transmis, nous attendons la réponse."
Les agriculteurs menacent de mener des actions fortes rapidement si les marchandises ne sont pas débloquées. Ils craignent aujourd’hui que les fournisseurs refusent d’exporter vers notre département, ce qui selon eux mettrait en danger cette filière qui produit chaque année 8 à 10 000 tonnes.