Afin de limiter le trafic de téléphones portables dans les prisons, le ministère de la Justice va procéder à l’installation courant 2018 d’un téléphone fixe dans chaque cellule, en dehors des quartiers disciplinaires et des centres de semi-libertés. Une annonce qui ne fait pas l’unanimité chez les syndicats.
Un téléphone fixe par cellule d’ici fin 2018 : cette nouveauté est bien accueillie du côté des proches des détenus. "C’est bien au lieu de faire des trafics en faisant entrer des téléphones cachés, même les détenus qui essayent de le faire peuvent avoir des problèmes."
Une expérimentation effectuée dans une prison de la Meuse en juillet 2016, et qui doit être étendue à toutes les prisons en Métropole, et à La Réunion. Les détenus en attente de jugement ou placés en isolement n’y auront pas accès. Chaque détenu pourra appeler 4 numéros vérifiés à l’avance, 24h/24. Le coût de la communication étant payé par le détenu.
" Un téléphone fixe par cellule c’est bien. C’est moins risqué, plus prudent, moins de problèmes entre les gardiens et les prisonniers. Car quand on les attrape avec un portable."
Mais pour les syndicalistes, on ne comprend pas l’intérêt de la mesure destinée à pouvoir permettre aux détenus de contacter leurs proches, car les téléphones portables qui circulent déjà illégalement contribuent à faire perdurer des trafics, mettre la pression sur des témoins, etc.
"Les points-phone répondent déjà à ces questions. Si les détenus ont des téléphones portables, c’est parce qu’ils veulent communiquer sans qu’on puisse les entendre, les contrôler. Pour parler à leurs proches, mais surtout pour faire des pressions éventuelles sur les témoins, faire des pression sur des victimes, voire faire des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux à l’insu du personnel pénitentiaire. Ce système de téléphonie qui doit être mis en place ne répond pas trop à cette demande", regrette Vincent Pardoux, responsable du syndicat Fo pénitentiaire.
En effet, à la prison de Domenjod par exemple, compte depuis six ans une vingtaine de points-phone, pour environ 490 détenus (mais tous n’ont pas le droit de les utiliser).
Le syndicaliste d’estimer que les moyens devraient être alloués autrement. "Il y a un manque de personnel, et ils ne peuvent pas faire leur travail correctement."