En cette période de fêtes, la langouste est particulièrement appréciée par les Réunionnais. Certains pêcheurs capturent l’animal pour leur consommation personnelle ou pour la vente. Une pratique illégale, depuis un arrêté préfectoral du 15 juillet 2008. Chaque année, du 1er décembre au 31 mars, il est interdit de pêcher la langouste dans les eaux maritimes bordant La Réunion.
Philippe (nom d’emprunt pour préserver son anonymat) a grandi dans une famille de pêcheurs. Originaire de l’Ouest de La Réunion, il regrette l’interdiction de la pêche à la langouste, surtout pendant la période des fêtes.
"La pêche pour moi, c’est une drogue. Quand je vois que j’ai deux fils qui ne sont pas pêcheurs, ça me fait mal au coeur. Moi j’ai suivi mon grand-père, aujourd’hui la tradition de la pêche à La Réunion c’est fini, on n’a plus le droit de rien faire."
Depuis 2008, un arrêté préfectoral interdit la capture de la langouste, entre le 31 décembre et le 1er mars, dans les eaux maritimes autour de l’île. Objectif : permettre la reproduction en protégeant les femelles grainées. Une réglementation pas toujours respectée par les pêcheurs.
"Ma mère qui a toujours grandi dans la pêche, et qui aime son petit carry poisson, pour lui faire plaisir, je suis obligé d’aller voler. Quand j’en pêche c’est 4 ou 5 kilos, pas plus. J’aime bien faire plaisir le petit créole qui n’a pas trop les moyens d’aller dans les magasins acheter des queues de langouste à 50 euros le kilo. Moi je les fait à 20 euros pour faire plaisir à tout le monde."
Le reste de l’année, la pêche à la langouste est autorisée à l’extérieur du lagon, sur les zones rocheuses et pentes externes. Seuls les pêcheurs professionnels peuvent vendre leurs prises.
"Tous les individus inférieurs à 23 centimètres, du rostre jusqu’au bout de la queue, doivent être relâchés, ainsi que toutes les femelles grainées. Si on a une pêche très importante pendant les périodes de reproduction, on va agir très fortement sur le stock. Le but c’est de laisser le temps à ces animaux de se reproduire, pour que les années suivantes on puisse encore pêcher", explique Tévamie Rungassamy, adjointe à la cellule scientifique de la Réserve marine.
Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 22 500 euros, et à des poursuites devant les tribunaux. Entre 2016 et 2017, 100 kilos de langoustes pêchées illégalement ont été saisis puis détruits par les autorités.