Une polémique a vu le jour il y a quelques temps autour du projet de réhabilitation de l’ancienne prison Juliette Dodu. Le collectif Kartié Lib mémoire et patrimoine océan Indien a déposé un recours devant le tribunal administratif. Selon eux, le projet va dénaturer le patrimoine et l’histoire de l’esclavage. Le bailleur social affirme prendre en compte la dimension historique du bâtiment.
Les murs de la prison Juliette Dodu transformés en logement sociaux, c’est la crainte de l’association Kartié Lib qui dénonce la destruction d’un établissement ancré dans le patrimoine culturel de l’île.
Pour sauver l’ancien centre pénitentiaire, une pétition en ligne est lancée et compte aujourd’hui plus de 150 signataires.
Patrice Pongérard, consultant en ingénierie culturelle et anthropologue, explique : "Les dispositions légales sur le patrimoine ne sont pas respectées et par rapport au patrimoine réunionnais, il y a des traces majeures de l’histoire de La Réunion, de l’océan Indien et même du monde qui vont être détruites. Avec une société jeune comme la nôtre il est nécessaire de conserver ces traces, ces témoins."
L’association Kartié Lib a déposé un recours au tribunal administratif. Sa présidente, Marie-Lyne Champigneul, déclare : "Le recours est en cours donc ça va se faire très prochainement. Le label de l’UNESCO est en cours aussi et ça va se faire très prochainement labelliser par le comité national de l’esclavage."
Conserver le patrimoine réunionnais
De son côté la SHLMR (Société Anonyme d’Habitations à Loyer Modéré de la Réunion) assure prendre en compte la valeur historique de l’ancienne prison. Le bailleur social évoque une revalorisation du site.
Olivier Bajard, directeur général de la SHLMR, explique : "On a présenté un projet de rénovation de la prison Juliette Dodu dans une logique de dynamisation du centre-ville, de construction de logements et de construction de commerces en respectant le lieu d’histoire que la prison représente."
Il ajoute : "L’enjeu c’est de dire comment on fait de cet environnement historique quelque chose qui permettent de répondre aux problématiques de la société actuelle. Tout en conservant ce patrimoine."
Fondée en 1718, la prison Juliette Dodu ferme ses portes en 2008. Après un appel à la candidature lancé par l’État en 2014, la SHLMR remporte le bien patrimonial pour un montant de 1,9 millions d’euros.