Cap Requin 2 est à l’arrêt depuis quelques semaines déjà. C’est la deuxième fois cette année que la pêche de squales est stoppée. Des problèmes de trésorerie seraient pointés du doigt. Et pourtant ce programme est financé par l’Etat, la Région et les collectivités qui l’expérimentent. Des questions sur une mauvaise gestion de fonds sont évoquées..
Le programme Cap Requin 2 est au coeur des échanges entre les institutions qui gravitent autour de lui. Il n’y a plus de pêche de squales depuis des semaines, mais cependant des soupçons de malversations financières planent.
"Nous attendons le retour des fonds pour payer les pêcheurs, car ça fait près de deux mois qu’ils n’ont pas été payés. Ils ne sont pas très satisfaits, et les protocoles ne sont pas respectés", indique Bertrand Bailli, l’actuel président du Comité régional des pêches.
Piloté par l’État, soutenu par les communes du littoral de Saint-Pierre à Saint-Paul, le programme est exclusivement financé par des subventions.
Un audit réalisé à la demande du nouveau président du Comité régional des pêches pointe du doigt l’ancienne équipe et sa gestion des comptes. Des comptes qui, selon lui, manqueraient de fonds.
Ludovic Courtois, l’ancien secrétaire général du Comité des pêches explique : "Lorsque j’ai quitté mes fonctions, nous étions dans l’attente de l’avenant financier de l’État, du Conseil régional et des communes, pour poursuivre, jusqu’au 30 juin, les opérations Cap requin II. Il est donc normal qu’au 31 décembre 2016 il n’y ait plus les subventions déjà allouées pour la réalisation de Cap requin II."
Ce programme bénéficie pourtant de financements de l’État, de la Région et de certaines collectivités.
Interrogé pour savoir si l’État contrôle assez les fonds qui sont utilisés Amaury de Saint-Quentin, préfet de La Réunion, répond : "Nous sommes très attentifs à ce dossier. C’est un dossier sur lequel je travail actuellement et je m’efforce de rencontrer un certain nombre d’acteur pour me faire une philosophie. C’est un dossier qui est complexe. Complexe parce qu’ancien, passionnel. Un dossier extrêmement sensible qui a connu de nombreux drames. J’essaie d’y avancer en prenant bien la mesure des différents tenants et aboutissants."
Le préfet ajoute : "Je sais qu’une contribution, une aide financière est apportée par l’État à la pêche des requins."
4 mois après son départ, l’avenant est signé par le nouveau préfet Amaury de Saint-Quentin.
Invité du 19h d’Antenne Réunion ce mercredi 9 août, le préfet déclare avoir signé récemment un avenant pour que cette pêche puisse continuer et qu’elle ne soit pas interrompu à cause d’un manque de moyen. "Je vais me faire une opinion dans les semaines à venir sur la continuité ou pas de ce processus."
Il finit par expliquer : "Ce qui me semble important, c’est que dans ce dossier nous arrivions à organiser un climat moins passionnel que le climat actuel, où il y a beaucoup de mises en cause des uns et des autres, pour trouver une solution ou des solutions qui fassent consensus sur le territoire avec l’ensemble des acteurs et nous y travaillons."
D’ailleurs le collectif de défense de l’environnement de La Réunion a lancé une pétition à l’international pour dénoncer plusieurs anormalités dans le dossier de la crise requin.
Par voie de presse Jean Bernard Galvès porte parole du collectif et de nombreuses associations, déclare : "Des fonds publics ont été distribués hors de tout cadre légal et sans contrôle pour pêcher le requin. Ces fonds publics auraient été détournés."
Il ajoute : "Ce programme a été financé sur fonds public de manière anormale. On est passé par des subventions alors qu’on aurait dû passer par des marchés publics. L’argent public n’a pas été utilisé dans un cadre légal. Des enquêtes auraient dû avoir lieu. On a transformé cette enquête en étude sur la commercialisation entre autres. On a donné de l’argent sans regarder ce que les gens faisaient."
C’est pourquoi les associations du collectif ont décidé de demander au ministre de transition écologique, Nicolas Hulot, de faire une enquête sur les faits qu’ils ont avancé.
Ils demandent également à ce que les programmes de pêche soient suspendu car selon eux "rien ne montre qu’ils aient une quelconque efficacité."
La crise requin accompagnée de son dispositif Cap Requin semble être au cœur d’une polémique qui augmente jour après jour.