Professeur des Universités, Jean-François Hoarau est l’invité du 12h30 d’Antenne Réunion. L’économiste apporte son éclairage sur la mobilisation à La Réunion face à la diminution de 75 % du quota des contrats aidés.
La rentrée scolaire pourrait être compromise selon les maires, avec la menace de diminution de 75 % du quotas de contrats aidés. La Réunion serait donc dépendante des contrats aidés.
"Une fois n’est pas coutume, je vais aller dans le sens de l’analyse politique, puisque sur le plan économique également, ce n’est pas une bonne nouvelle cette suppression des emplois aidés."
"Tout choc négatif qui ralentit l’activité économique à court terme, aura des effets permanents, et donc à long terme sur le chômage structurel. Les emplois aidés sont un bon moyen pour lutter contre le chômage à court terme."
Jean-François Hoarau explique quel est l’impact d’une diminution des contrats aidés sur l’économie locale.
"A mon sens l’impact serait extrêmement négatif. Ce qui sont concernés sont les personnes inemployables, dans une grande souffrance sociale, et un manque de qualification relativement important. Ce qui fait que les entreprises les considèrent en général comme des personnes non productive, voire même destructrice de richesse. Ce qui fait que dans un fonctionnement normal du marché du travail, ces gens n’ont aucune chance de trouver un emploi."
"Les contrats aidés ont l’avantage de donner un revenu, donc une capacité de à consommer à une certaine catégorie de la population. C’est un type de contrat qui permet de donner une qualification et de formation à des personnes qui n’en n’ont pas."
L’économiste explique de quelle manière sont utilisés les contrats aidés. "C’est un dispositif qui est présenté comme un traitement social du chômage. Il y a des vraies conséquences économiques. Il n’y a pas que le volet social, il y a un un impact économique important pour lutter contre le chômage structurel."
Selon une étude du ministère du Travail les contrats aidés seraient utiles sur le court terme mais sur le long terme, ils réduisent les chances d’avoir un emploi fixe après la fin du contrat. Jean-François Hoarau ne partage pas cette analyse.
"Ce n’est pas du tout l’objectif. Je me souviens d’une étude réalisée en 2012 qui montrait un taux d’insertion de près de 70 % pour les contrats dans le secteur marchand, 6 mois après la fin des contrats aidés. Contre 38-39 % de taux d’insertion pour les bénéficiaires de contrats aidés dans le secteur non marchand."