Pour la Journée de réflexion sur le don d’organes, le docteur Pierre Genevey, médecin de coordination du prélèvement d’organes et de tissus au CHU Sud explique les raisons du manque de dons à La Réunion. Le médecin fait également un appel aux Réunionnais pour les pousser à envisager le don d’organes.
À l’occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes, le docteur Pierre Genevey explique pourquoi La Réunion subit une situation de pénurie en ce qui concerne les dons cette année. Le médecin de coordination du prélèvement d’organes et de tissus au CHU Sud est inquiet par la situation.
Aujourd’hui, 360 personnes sont dans l’attente d’un rein à La Réunion. Les délais d’attente dans l’île sont également deux fois plus longs que sur le continent.
Le docteur Pierre Genevey déclare : "À ce jour 3 greffes rénales à partir de donneurs locaux ont été faites à La Réunion cette année. C’est une situation de pénurie vraiment inquiétante." Le médecin profite de cette Journée nationale du don pour faire un appel aux Réunionnais.
Sur les dernières années à La Réunion, ce sont entre 25 et 30 greffes par an qui sont faites. Cette année, un grand retard est donc constaté. "Malheureusement, tous les jours, les receveurs en attente de greffe sont pénalisés par la dialyse, et risquent de décéder faute de greffe", déplore Pierre Genevey.
Il y a aujourd’hui moins de greffe parce que moins de dons sont faits. Le taux de refus est assez élevé ; cependant, le médecin ne sait pas pourquoi il y a tant de refus. "Je pense qu’il faut mettre l’accent sur l’acceptation du don et la solidarité, parce que sinon on ne progressera pas."
Pas plus tard qu’hier le médecin de coordination a été confronté à un refus. Il explique : "C’était bien dommage, mais la loi permet d’exprimer le refus par les proches. C’est vrai que c’est difficile, surtout pour les receveurs."
Selon Pierre Genevey le non est à accepter, car cela fait partie de la loi. "Mais il faut que la solidarité l’emporte là-dessus". Il ajoute préférer avoir un taux de refus qui soit conforme aux normes métropolitaines. Actuellement à La Réunion, on est à plus de 50% de refus.
De plus, le temps d’attente sur le département est deux fois plus long que dans l’Hexagone. "On est à 5 ans d’attente en moyenne, en métropole c’est 2 ans. C’est dramatique."
Le docteur lance donc un appel au don. Selon lui c’est un acte de solidarité et un acte d’amour. "Il n’y a pas de distinction entre religion, c’est une démarche personnelle, c’est important de réfléchir pour soi."
Selon Pierre Genevey le problème vient du fait que peu de gens parlent du don dans leur famille. "Plus de 50% des personnes n’en parlent pas et ça peut aussi créer des refus".
Il explique que l’inquiétude première des familles confrontées à cette situation est surtout par rapport à la dispersion du corps. "Cela fait partie des croyances qui peuvent freiner le don mais nous sommes là pour rassurer."
Cela explique l’importance des actions de sensibilisation. "Il faut en parler tout le temps, essayer d’en avoir conscience même si ce n’est qu’un petit moment dans l’année."