Après les volcanalogues, cette mission sous marine inédite, menée par Laurent Ballesta. Le plongeur biologiste a voulu savoir si et comment la vie reprend ses droits au plus près des coulées de lave.
"Nous sommes un peu dans des décors post-apocalyptique sous l’eau. C’est noir, on sent qu’il s’est passé quelque chose de catastrophique" décrit Laurent Ballesta, plongeur, biologiste marin.
À cette profondeur, le bleu se teinte de noir. Laurent Ballesta et son équipe suivent les pentes dessinées par les coulées de lave du passé, et découvrent un monde jamais exploré.
Seule une équipe de spécialistes peut relever ce défi. Une mission de 12 jours, à plus de 120 mètres de profondeur, pendant plus de 5 heures.
Tous les matins, c’est le même rituel qui se répète : rassembler les scaphandres, vérifier les mélanges respirés, l’électronique, l’étanchéité... Une préparation drastique est requise, tout comme une bonne condition physique, avec près de 50 kilos sur le dos lors de la plongée.
À l’origine de l’expédition, Stéphanie Légeron, éditrice. Après avoir fait escale sur les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf) pour son dernier ouvrage (Escales au bout du monde), c’est aux richesses des Outre-mer qu’elle se consacre.
C’est elle qui a convaincu Laurent Ballesta d’explorer ce territoire emblématique, préservé de La Réunion.
"C’est vraiment un projet complètement inédit, qui va donner lieu probablement à la découverte de nouvelles espèces qui n’ont jamais été illustrées jusqu’à présent. Cela entre dans le cadre de ce grand projet sur l’Outre-mer", met en avant l’éditrice.
Le semi-rigide de 7 mètres, consacré à l’expédition, quitte le port de Sainte-Rose, direction les coulées de lave. 10 ans après l’éruption de 2007, les stigmates du phénomène naturel sont encore visibles.
"Nous sommes dans une roche qui est encore toute jeune, qui a 10 ans. Elle est peu recouverte par la faune et la flore marine. Les poissons eux sont déjà là par contre. Et puis quand on plonge sur celle de la coulée de 1977, ont voit qu’il y a une vie marine beaucoup plus développée, avec des coraux beaucoup plus présents. Le paradoxe c’est que la vie est à nouveau présente. Nous sommes à mi-chemin entre les restes d’une catastrophe naturelle et déjà les prémices d’une vie à venir, pleine d’espoir, avec plein de nouveaux poissons, d’espèces colorées qui petit à petit recolonisent", poursuit Laurent Ballesta.
En illustrant cette biodiversité qui a repeuplé les pentes des coulées de lave du passé, ces explorateurs offrent des images jamais capturées à la Science, mais aussi aux yeux de tous les curieux.