Trois jours après la bagarre générale survenue à la prison de Domenjod où 7 surveillants ont été blessés, l’Ufap-Unsa Justice, Force ouvrière (FO) et la Confédération générale du travail de La Réunion (CGTR) sont mobilisés. L’union syndicale a donné rendez-vous aux personnels pénitentiaires, devant la prison pour dire STOP aux actes de violence et soutenir leurs collègues blessés. Ils exigent le renforcement des mesures de sécurité.
Lundi après-midi, vers 14 heures, une bagarre éclate entre deux détenus, à l’intérieur de l’enceinte de la prison de Domenjod. Rapidement, l’altercation dégénère et se transforme en une bagarre générale. Tentant de ramener le calme, les surveillants pénitentiaires sont pris à partie par une vingtaine de prisonniers.
Les agents reçoivent des coups de poing, des coups de pied, et sont également la cible de jets de galets. Le bilan de cette bagarre générale est de sept blessés parmi les membres du personnel pénitentiaire.
L’un des 7 surveillants blessés lundi dans la cour de promenade a accepté de témoigner.
Une agression qui réveille des mauvais souvenirs pour certains. "Mon collègue et moi on a été agressés par un détenu en septembre de l’année dernière. C’est la deuxième fois que ça se produit. Donc en signe de solidarité, je suis venu apporter mon soutien aux collègues", confie un surveillant pénitentiaire.
En signe de protestation, l’Ufap-Unsa Justice, de Force ouvrière (FO) et de la Confédération générale du travail de La Réunion (CGTR) ont appelé ce jeudi à 6 heures, l’ensemble des personnels pénitentiaires à se rassembler devant la porte du centre pénitentiaire de Domenjod. Les syndicats parlent d’un "début de mutinerie". Ils n’avaient jamais vu un tel déchaînement de violence depuis l’ouverture du centre pénitentiaire de Domenjod.
"Cette mobilisation vise à montrer notre solidarité et apporter notre soutien aux collègues qui ont été agressés, en leur disant qu’ils ne sont pas seuls", met en avant Nicolas Calogine, secrétaire local Ufap-Unsa Justice. Il intervenait en direct dans le 12h30 d’Antenne Réunion.
À la base, l’Ufap-Unsa Justice avait prévu une mobilisation le 14 juin. Les événements survenus ce lundi ont conduit à avancer cette date, et au rapprochement de la FO et de la CGTR pour cette mobilisation.
Outre une montée en puissance de la violence, ils dénoncent aussi le manque de personnel et de plus en plus de colis envoyés par-dessus les murs. "Depuis quatre ou cinq mois, il y a une recrudescence d’envoi de colis, depuis l’extérieur vers la cour de promenade. À l’intérieur, on retrouve de tout : du zamal, du Rivotril, de l’alcool, des cachets, et même du crack. C’est un cocktail explosif" poursuit un autre professionnel.
Une violence qui s’est de nouveau invitée ce matin : une bagarre a éclaté entre deux détenus. L’un deux a dû être transporté à l’hôpital.
Une réunion entre l’intersyndicale et la direction a débuté ce matin et a été suspendue à mi-journée. Des travaux ont commencé ont élargissement et l’approfondissement de la tranchée devant les murs de la prison de Domenjod.
La saisie de "colis" à l’origine de la bagarre
À l’origine de cette scène de violence : l’envoi de colis au-dessus de l’enceinte de la prison. En effet, quelques jours précédent la bagarre, les surveillants auraient effectué des saisies de “colis” envoyés par dessus les murs de la prison. Une pratique courante, à en croire les habitants résident à proximité de l’enceinte pénitentiaire.
Interdite, la pratique est pourtant régulière à Domenjod, selon les habitants
Dans le quartier, les allées et venues des passeurs qui fournissent aux détenus des colis sont bien connues des habitants.
"Souvent le samedi soir, vers 2 heures du matin, ils viennent là", explique un locataire. Un autre habitant affirme : "C’est discret, ils passent au-dessus de la clôture mais sinon, ils ne viennent pas déranger les gens."
Des saisies qui ont provoqué la colère des prisonniers
Afin de séparer les deux prisonniers qui en sont venus aux mains, les surveillants interviennent dans la cour par "vague d’intervention". Mais, chaque intervention, les détenus agressent violemment le personnel pénitentiaire. "Cela fait bientôt huit ans que l’établissement a été construit et on n’a jamais atteint une violence aussi intense que ça" expliquait un syndicaliste, le lendemain de l’agression.
Une conseillère d’insertion et de probation agressée en mai dernier
Pour rappel : mardi 10 mai le syndicat de la pénitentiaire (SNEPAP) s’était mobilisé face au centre pénitentiaire de Domenjod suite à l’agression d’une conseillère d’insertion et de probation.
Parmi les revendications des syndicats qui seront exposées au directeur aujourd’hui :
1 – Une audit de sécurité de l’établissement
2 – La pose de concertinas (fil barbelé) dans le glacis (terrain plat jouxtant les murs de la prison)
3 – La pose de filets anti-projections
4 – L’élargissement et l’approfondissement du canal sud
5 – Des rondes de police
6 – Des rondes pénitentiaires avec véhicule d’intervention
7 – Des caméras opérationnelles
8 – Un brouilleur de téléphone portable
9 – Un véritable dialogue sur la gestion de la détention, le rôle du surveillant et le service du personnels
10 – Le remplacement des départs à la retraite