Après une pêche jugée "miraculeuse" à cette période de l’année, les bichiques sont vendus à Saint-Denis, sur le bord du Boulevard Sud, au prix de 60 euros le kilo. Ravis, les clients sont au rendez-vous et les alevins se vendent rapidement...
Les petits alevins ont fait leur apparition dans un canal de Saint-Benoît. Une centaine de kilos ont été pêchés et pour les vendeurs interrogés ce lundi sur le boulevard Sud, il s’agit tout simplement d’une "pêche inespérée et miraculeuse".
Les bichiques se sont faits rares ces derniers mois et ils sont donc commercialisés à 60 euros le kilo.
Ce lundi, vendeurs qui se sont installés sur le Boulevard Sud à Saint-Denis (au niveau du rond-point qui mène à l’Université de La Réunion) et leur mission est de vendre une quarantaine de kilos.
Au total, 100 kilos de bichiques ont pêchés dans un canal de Saint-Benoît et pourtant, ce n’est pas la saison !
Les alevins s’arrachent sur le chef-lieu. Les acheteurs interrogés cet après-midi se disent ravis. "C’est notre caviar péi" explique une cliente, le sourire aux lèvre.
Cuisinés en carri et accompagnés de grains et de rougail, les bichiques ont une place privilégiée sur les tables réunionnaises.
Le bichique est l’alevin de deux espèces de poissons très proches, le cabot à tête de lièvre (Sicyopterus lagocephalus) et le cabot bouche ronde. "Bichique" est la dénommination malgache du juvénile du cabot bouche ronde (gobiidae). A son âge adulte, il atteint jusqu’à une douzaine de centimètres.
Sa reproduction
En période de reproduction (de janvier à juin), il regagne les rivières. Il est un ovipare ; une femelle peut donner de 50 000 à 70 000 œufs ; les larves sont entraînées vers la mer pour se développer.
A partir du mois d’octobre à la nouvelle lune, lorsqu’ils atteignent 30 mm, les alevins se s’entassent aux embouchures des rivières pour commencer leur remontée. C’est à ce moment qu’on les pêche, en période de pluie où ils remontent le cours des rivières.
La pêche au bichique
La Rivière des roches est un haut lieu de la pêche à ce mets des cuisines. Son estuaire est segmenté en plusieurs canaux, fait de galets empilés et de sacs de sable de 10 à 20 kg. L’estuaire est entièrement clos par des canaux de 3,5 m de large. Chaque canal est sous la responsabilité de cinq pêcheurs et comprend trois "vouves". La vouve est l’appellation malgache de la nasse cylindrique utilisée pour piéger les bichiques. Elle est réalisée avec des fibres végétales, tressées avec du vacoa ou du raphia.
Un mets apprécié
Le cari bichique, "bisik" en créole, est tellement recherché que les Réunionnais n’hésitent pas à débourser 30 à 50 euros pour le kilo, de sorte qu’un proverbe local en est sorti : "poison i manz bisik", à traduire par : "la raison du plus fort est toujours la meilleure".