50 personnes ont perdu la vie sur les routes de La Réunion en 2015. Dans le cadre d’une sensibilisation à la prévention routière, l’association l’Académie des Dalons a réalisé un clip. Une vidéo racontant la perte d’un proche à travers un slam.
L’Académie des Dalons est une association créée par le Conseil départemental. Elle permet à des jeunes en grande difficulté, ou rejetés, de reprendre leur vie en main et de reprendre confiance en eux. Beaucoup d’entre eux avaient du mal à s’exprimer correctement.
Un programme d’insertion
Les jeunes Dalons passent 12 mois à l’Académie. Durant 3 mois, ils sont en internat, pour les aider à l’insertion sociale. Ils sont sensibilisés aux actes citoyens et doivent réaliser un projet collectif. Les 12 autres mois, ils sont en externat et apprennent l’insertion professionnelle et doivent apprendre à se débrouiller seuls avec les démarches et les papier.
Éric Romano, du Conseil départemental, a beaucoup accompagné les jeunes Dalons dans leur projet collectif. Il explique d’où est venue l’idée de la vidéo sur la prévention routière. "Des personnes porteuses de handicap à cause des accidents de la route d’une association du CHU du Tampon ont témoigné. Les jeunes ont été touché, ce qui a mené au projet."
Toute une organisation
Le projet de réalisation a pris environ 3 semaines. Durant ce temps, les jeunes de l’association ont du entreprendre des démarches auprès de professionnels. Selon Éric Romano, "c’était tout un travail de partenariat et cela a beaucoup apporté aux jeunes."
La voiture qu’on peut voir dans la vidéo a été donnée par un partenaire dépanneur, puis écrasée à coup de marteau. L’Académie des Dalons avait, pour les besoins du tournage, des partenariats avec un dépanneur, les pompes funèbres, et même un fleuriste.
Pour pouvoir réaliser et monter la vidéo, l’Académie a également fait appel à Willy Fontaine, président de l’association Lez’art d’ici. "J’ai répondu tout de suite oui. Accompagner des jeunes comme un grand frère c’est une belle expérience. Ça fait plaisir mais c’est aussi un défi."
Le clip de prévention routière a été tourné à la Plaine-des-Cafres. Les jeunes Dalons ont écrit la chanson et le scénario. Puis, Willy Fontaine les a repris et corrigé. Il a également composé la musique avec un ami guitariste.
Le président de l’association Les Arts d’ici explique : "On a monté avec les jeunes un studio d’enregistrement pour la prise de voix dans une chambre de l’Académie."
Le choix du slam est aussi une décision mûrement réfléchie. Les jeunes de l’académie avaient déjà été appelés pour un projet similaire. La capacité qu’ils ont eu en terme d’émotions pour véhiculer un message avec le slam a fait qu’ils ont choisi une nouvelle fois ce moyen de communication.
Selon Willy Fontaine, le but de ce projet est de partager une expérience pour les jeunes mais aussi d’apporter un message fort. "C’est aussi une manière de rendre hommage aux victimes de la route et à leur familles."
C’est le musicien Frédérique Joron qui a accompagné les jeunes à la guitare. D’ailleurs, ce sont les jeunes Dalons qui sont allés à sa rencontre pour lui demander de venir les voir à l’académie et de participer à leur projet.
Une belle expérience
Les jeunes de l’Académie ont dû participer à tout même au montage, ce qui leur à beaucoup apporter. L’un d’entre eux, Jimmy, confie : "On voit tous les week-ends des morts sur la route. On a beaucoup été touchés par les témoignages des victimes de la route."
Yann, un autre jeune Dalon, raconte : "Ça nous a permis de développer des compétences comme l’écriture ou la réalisation et le montage."
Yann et Jimmy font tous les deux partie de l’Académie des Dalons. Ces deux jeunes de 21 et 22 ans n’ont pas eu un parcours facile. Cependant, depuis leur arrivée à l’association, cette dernière a beaucoup changé pour eux. Jimmy déclare : "Pendant les 3 mois en internat on apprend beaucoup de chose sur soi."
Le making-of du clip, qui dure une quinzaine de minutes, où l’on voit chacun des jeunes Dalons s’exprimer sur cette expérience, a entièrement été réalisé par deux des jeunes.
Willy Fontaine finit en confiant : "Ce qui a été le plus difficile c’était de s’arrêter. Quand on voit l’envie que ces jeunes ont, on ne veut plus s’arrêter."