En 2013, près de 5 plaintes par jour ont été enregistrées à La Réunion pour des violences conjugales. Les victimes vivent un véritable enfer au quotidien et il est souvent extrêmement difficile de briser le silence. Sous couvert d’anonymat, Myriam a accepté de confier ce qu’elle a vécu durant deux ans dans l’enceinte de son foyer.
Ce mardi 25 novembre est marqué par la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes. Une action internationale qui vise à combattre toutes les violences faites aux femmes, des plus visibles aux plus insidieuses.
Agée d’une vingtaine d’années, Myriam (prénom d’emprunt) a vécu un véritable enfer pendant deux ans, deux années passées à souffrir sous les coups de son conjoint, le père de son petit garçon.
Cette jeune femme a accepté de témoigner pour briser la loi du silence et inciter les victimes de violences conjugales à porter plainte.
Afin de se reconstruire, Myriam s’entretient régulièrement avec une psychologue. Ces séances qui l’apaisent et lui permettent d’avancer car pendant deux ans, elle a souffert sous les coups de l’homme qu’elle aimait. Myriam a rencontré son compagnon à l’âge de 19 ans et avec lui, elle a vécu le grand amour avant de recevoir les premiers coups... "C’était quelqu’un que j’aimais vraiment mais son amour à lui se manifestait par les coups... C’était un secret d’être battue".
La jeune femme a tenté de se défendre en portant plainte à plusieurs reprises, avant de retirer ses plaintes. Les insultes, les coups ... Myriam s’est sentie perdue et isolée pendant de longs mois. "J’ai perdu tous mes amis, un CDI et une famille qui m’aimait" confie Myriam. Avant d’ajouter "mais pour lui, c’était du cinéma : je n’étais pas en dépression et il continuait de me frapper aux côtes, à la tête... C’était infernal".
Cette jeune maman a réussi à quitter son compagnon violent le jour où cet homme l’a mise à la porte en s’enfermant dans leur maison avec l’enfant. Ce jour-là, Myriam a décidé de porter plainte et de ne pas pardonner.
Aujourd’hui, Myriam fait partie d’un groupe de paroles pour se reconstruite. "Je relève la tête mais c’est une partie de ma vie qui est brisée" confie cette jeune femme. Aujourd’hui, elle souhaite redoubler son engagement envers les femmes qui sont victimes de violences. Elle espère donc que son témoignage va leur permettre de ne plus rester seules.
Les violences conjugales à La Réunion - Chiffres Clés 2013
- 1 700 faits constatés par les forces de l’ordre, soit près de 5 plaintes par jour ;
- Une quarantaine de demandes d’ordonnances de protection ;
- 16 mesures d’éviction du conjoint violent du domicile conjugal (dans la juridiction Nord) ;
- Près de 1 100 affaires liées aux violences conjugales enregistrées au tribunal : soit 3 affaires par jour ;
- 199 victimes dans le cadre de l’accès au droit en matière civile, et 235 dans le cadre de l’aide aux victimes accueillies par les services de l’ARAJUFA ;
- 255 femmes hébergées en urgence via le dispositif 115 pour des violences intrafamiliales, majoritairement pour des violences conjugales et 383 enfants concernés. Soit 638 personnes hébergées en urgence en 2013 ;
- 100 demandes d’hébergement en raison de violences, principalement conjugales ;
- Près de 1 300 personnes accueillies par les 4 assistantes sociales présentes dans les services de police et de gendarmerie, dont 540 dans le cadre de violences conjugales.
(Source : tableau de bord de l’ORS, novembre 2014, 6ème édition).