La détresse rencontrée mercredi par 2 jeunes parents a rappelé une réalité : face à une naissance, tous ne sont pas armés de la même façon. Abandonner son nouveau-né aux services de l’État est le choix de certaines Réunionnaises qui viennent d’accoucher. Un acte pas anodin et un sujet qui reste tabou.
5 à 6 abandons “sous X” (le terme officiel est accouchement “sous secret”) seraient réalisés chaque année à La Réunion. Un nombre faible par rapport à une dizaine d’années, mais qui reste stable. Dans une île profondément croyante, il s’agit d’une décision délicate et difficile à prendre.
"Pas de date de naissance, donc pas de traçabilité. Cette patiente va être complètement suivie de façon anonyme", explique le professeur Peter Von Théobald, chef du service gynécologie-obstétrique au CHU Félix Guyon de Saint-Denis.
Différentes raisons peuvent amener les femmes à cette extrémité. Si elles sont généralement diplômées, la situation précaire reste la cause principale de ce choix difficile. Il s’agit bien souvent de mères qui se trouvent seules, et ne sont pas indépendantes financièrement. La moyenne d’âge de ces jeunes femmes est comprise entre 25 et 30 ans.
Trois jours après la naissance, les nouveaux-nés sont pris en charge par des assistantes familiales. Les femmes ont un délai de rétraction de deux mois, pour avoir la possibilité de revenir sur leur décision. Passé ce délai, c’est l’aide sociale à l’enfance (Ase), géré par le Conseil général, qui prend le relais pour entamer les procédures relatives à leur adoption.
Selon l’Institut national d’études démographiques (Ined), “La France est le seul pays occidental, hormis le Luxembourg, l’Italie et la République tchèque, où la loi autorise les femmes à demander le secret de leur accouchement et de leur identité sur l’acte de naissance de l’enfant. Elle n’est jamais contrainte de donner son nom, d’où l’expression « sous X » apparue lorsque un « X » remplaçait le nom de la mère dans le dossier de l’enfant”.