Filets de sécurité, vigies requin, prélèvements grâce aux drumlines, signalétique... Depuis le début de la crise requin à La Réunion, plusieurs dispositifs ont été déployés pour pallier au risque. Malgré des avancées sur la compréhension du comportement des squales, la sécurisation des zones d’activités n’est pas encore une réalité.
C’est sur le spot de Saint-Leu que Vincent a réchappé à la mort, mardi 22 juillet. Le surfeur de 51 ans a été mordu par un requin. Rescapé, il s’en sort avec des blessures à la main et au mollet droit.
Cette attaque est la première depuis le début de l’année. La première également depuis les nombreux appels à la vigilance lancés par la préfecture en cette période d’hiver austral qui coïncide avec la recrudescence de la présence de squales.
Le surfeur victime d’une attaque mardi a enfreint l’arrêté d’interdiction de baignade et de pratique des activités nautiques, mis en place le 26 juillet 2013 par la préfecture, et reconduit régulièrement depuis. Cet arrêté fait partie du large panel d’outils déployés depuis le début de la crise requin en 2011 afin de limiter les risques d’attaque.
Les différentes instances ont misé sur la prévention. L’arrêté a été accompagné par l’installation de panneau sur les zones à risque indiquant la possible présence de requins. Le drapeau rouge requin a également fait son apparition sur les plages. L’étendard est levé à chaque observation de squales.
La prévention et l’information sont par ailleurs les motifs de création du site info-requin.re. Créé en septembre 2013, il permet à tous de suivre le dossier requin. Les prélèvements, les observations, le marquages y sont recensés et cartographiés.
Un Comité opérationnel de réduction du risque requin à La Réunion (CO4R) a par ailleurs été mis en place. Etat, collectivités, mairies, associations, scientifiques se réunissent régulièrement pour faire le point sur les avancées du dossier requin.
Si en matière d’information, les acteurs du dossier ont souhaité jouer la transparence, afin de limiter la psychose, l’attaque survenue à Saint-Leu fait office de piqûre de rappel.
Dans les faits, peu d’avancées sont constatées en matière de sécurisation des zones de baignade dans la bande des 300 mètres du littoral. Des programmes scientifiques - comme Cap Requins et CHARC - s’attachent depuis plusieurs mois à mieux comprendre le comportement des requins dans les eaux réunionnaises.
Dans le dossier requin, associations et usagers de la mer réclament des mesures concrètes. Mais ces mesures dépendent des avancées scientifiques. Un travail qui prend du temps avant de porter ses fruits.
"Ça prend du temps"
Le dispositif vigies requin, qui vise à mettre en place des plongeurs pour surveiller les zones d’activités et dissuader par leur présence l’approche de squales, a également du mal à décoller. Après des tests concluants, le manque d’interaction avec les requins avait conduit les porteurs du projet à envisager de délocaliser le dispositif jusque lors déployé à Saint-Paul.
Eric Sparton, président de la Ligue réunionnaise de surf, indiquait il y a quelques semaines qu’un projet de vigies à Saint-Leu était sur les rails afin de tester la sécurisation de trois sites.
Pour Ludovic Villedieu, porte-parole de la Ligue de surf, il faut être patient. "Il y a des mesures qui vont être mises en place, ça prend du temps. On est les premiers à en pâtir", indique-t-il. Il ajoute : "Prenons le temps d’attendre la meilleure saison, le mois d’octobre, et surtout le déploiement de nouveaux dispositifs comme Cap Requin et le projet de vigies requin qui nous permettra j’espère de reprendre une activité". Le programme Cap Requin, doit en effet entrer dans une nouvelle phase plus orientée sur l’action.
Autre dispositif de sécurité mis en place : les filets anti-requin aux Roches Noires, à Boucan Canot, et plus récemment à l’Etang-Salé. Les installations ont surtout pour rôle de quadriller une zone de baignade et y concentrer toute sa surveillance.
Pour la gestion du risque requin, post-attaque, un dispositif d’opération de pêche est déployé par la préfecture, avec le Comité des pêches. Cela a été le cas hier soir à Saint-Leu. Des navires ont été mobilisés afin de tenter de localiser et capturer le requin responsable de l’attaque.
Avec une action portée sur le rassemblement de données scientifiques, la progression est longue et semée d’embûches. L’attaque survenue mardi devrait donner lieu à de nouvelles mesures.