La Ville s’est emparée de l’opportunité offerte par la crise sanitaire, pour innover et repenser le format de la commémoration et de la célébration de la Fèt Kaf, en privilégiant l’héritage, la mémoire et la transmission, avec une politique culturelle forte.
Ce 20 décembre 2020 n’en est pas un comme les autres, mais il a lieu. Depuis plusieurs mois déjà les acteurs culturels de Saint-Denis se sont organisés afin de parvenir à faire tout de même, à faire malgré tout.
Car, s’il n’est pas possible aujourd’hui de se rassembler en nombre, il reste possible de constituer des petits groupes d’étude, des ateliers en petits nombres, qui permettent à chacun de parfaire ses connaissances en fonction de thématiques spécifiques :
- La connaissance (de l’histoire)
Ce premier parcours s’inscrit dans la continuité des précédents ateliers de médiation portant sur l’histoire, la mémoire et les héritages de la période de l’esclavage. Il a permis d’injecter de la connaissance, en proposant des temps de conférence et de débats autour des dates clés, des faits marquants, du vocabulaire de la traite et de l’esclavage, etc.
Par l’Association Développement et Promotion des Arts et du Bien-être – DPA 974 (Stéphane BOQUET)
- Les habitants : des bâtisseurs (ateliers de généalogie)
Les ateliers de généalogie se sont constitués en caravanes dans les quartiers, afin de renforcer la connaissance de l’histoire par des approches familiales, intimes et personnelles. Une manière d’impliquer chacun dans l’histoire de la mémoire commune de la ville.
Par l’Association Label Frèr2son
- Les pratiques culturelles (le maloya)
Le maloya est inscrit au patrimoine mondial, et il a trouvé sa place sur les ondes. Toutefois, il reste encore très majoritairement méconnu. Cet atelier, proposé par un zarboutan de la pratique, a permis non seulement de rappeler ses bases, ses conditions d’invention, de créolisation, ses instruments, etc. mais aussi de « faire faire », c’est-à-dire d’apprendre à en jouer, à le danser, à le chanter. Avec Lindigo.
Par le groupe LINDIGO
Et également :
- Visage d’antan, Far Far nous mémwar
- Atelier d’histoire sur les transformations de la ville
- Ateliers de recherche en textiles et créations
- Ateliers artistiques autour des camps
- Ateliers de récits, coutumes et pratiques
Par l’Association Rasine Kaf
Ce dimanche 20 décembre nous délivrerons une nouvelle vision de la ville, une carte contemporaine sur laquelle figurera le tracé des anciens camps, qui ont laissé des traces dans le paysage de la ville, mais qui sont aujourd’hui invisibles. Qui sait où commence la ville et où s’arrêtent les camps ? Existe-t-il encore des vestiges d’anciens lieux de vie ? De ron de moring ? Existe-t-il encore des cases ou des traces du labeur des esclaves et des engagés qui y ont vécu ? Autant de réponse qui pourront être trouvées dès lors que nous saurons nous situer dans la ville : ce que cette nouvelle manière de lire la ville sur carte permettra certainement.
Recherches et histoire : Laurent Hoarau
Direction Artistique : Kid Kréol & Boogie
Ensemble, nous nous recueillerons, en matinée, sur l’une des seules tombes d’esclave connue à ce jour sur le territoire Saint-Denis : celle de Toinette, décédée le 30 avril 1860 libre, parce qu’entre temps, il y a eut l’abolition de 1848. Toinette aura vécu 12 ans libre. Les 12 dernières années de sa vie, mais vraisemblablement toujours au service de ses anciens « propriétaires ». Et si dans le cimetière de l’Est sa tombe est repérée, c’est parce qu’elle est la seule à ne porter qu’un prénom. Pas de nom. Alors, en ce 20 décembre 2020, Toinette sera le symbole de toutes celles et tout ceux qui auront connu de leur vivant l’esclavage, et son emplacement dans le cimetière, celui de toutes celles et tout ceux qui n’auront pas eu son « privilège » : bénéficier d’une sépulture.
Lieu : Cimetière de l’Est
De 10h à 11h30
10h00 : Accueil des invités en musique avec le groupe Donn la min
10h15 : Intervention de M. Laurent HOARAU, historien (contextualisation historique)
10h25 : Discours de Mme Ericka BAREIGTS, Maire de Saint-Denis
10h35 : Discours de M. Jacques BILLANT, Préfet de la Réunion
10h45 : Chants d’hommage avec Simangavole
11h00 : Recueillement devant la tombe de Toinette, ancienne esclave décédée le 30 avril 1860 à l’âge de 68 ans (départ de la procession sur le 3ème chant)
11h30 : Fin de la cérémonie
Parce qu’il n’y en a pas un qui doit être oublié, voici la liste des quartiers de Saint-Denis qui organiseront des kabars le jour du 20 décembre, et parce que nous ne pourrons pas nous réunir ensemble comme traditionnellement, ces kabars auront tous lieu au même moment, le dimanche 20 décembre de 14h à 19h, une manière singulière de faire ensemble, tout en respectant les règles sanitaires et les gestes barrières.