Forte du succès de sa crèche itinérante lancée en 2017 à Salazie, l’association Babyland pourrait déployer dans les prochains mois 10 crèches itinérantes supplémentaires, des "baby bus", dans autant de communes.
C’est en 2017 qu’est créée la Crèche itinérante de Salazie. Gérée par l’association Babyland, cette crèche mobile de 10 à 12 places, aménagée dans un véhicule, est destinée aux enfants de 5 mois à 5 ans. Elle sillonne les trois îlets du cirque et s’installe sur plusieurs sites du lundi au vendredi.
L’association a présenté le projet à plusieurs autres communes. Douze au total, à savoir la Plaine des Palmistes, Bras Panon, Saint-Benoît, Saint-André, Sainte-Suzanne, Saint-Denis, La Possession, Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Louis, Saint-Joseph et Cilaos.
La semaine dernière, la Ville de la Possession a décidé de dire oui au projet. Le conseil municipal a voté en sa faveur, mardi dernier. Ce projet verra le jour à la rentrée d’août 2022. "La Ville de la Possession ambitionne de couvrir plus particulièrement les écarts de son territoire, et compléter l’offre d’accueil existante. Il pourra permettre à des parents, mères seules, de faciliter leurs démarches d’insertion professionnelle, de formation, ou d’accompagner tout parent dans sa fonction parentale", fait savoir la Ville dans un communiqué.
À la Possession, le projet est entièrement financé sur le volet investissement, grâce à des fonds CNAF et CAF de la Réunion. La participation de la Commune est limitée à 10% du budget de fonctionnement, soit près de 16800 euros par an, indique-t-on. D’ailleurs, l’association Babyland dit attendre que les conseils municipaux valident ces projets.
Le montant total de l’investissement pour l’acquisition et l’aménagement de 10 "babybus" s’élève à plus de 1,7 millions d’euros, pris en charge à hauteur de 90% par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) de La Réunion. Les 10% restants seront à la charge de l’association.
Le coût du fonctionnement est quant à lui de 1,6 millions d’euros pour les 10 autobus. Le projet sera financé par la CAF, les participations parentales, les Villes et le porteur de projet. Le réseau des 10 crèches itinérantes emploiera 30 professionnels sur tout le territoire, à savoir un animateur, une auxiliaire de puériculture et un éducateur de Jeunes Enfants.
"À La Réunion, il y a des zones qui sont difficilement accessibles, comme à Mare à Poule d’Eau par exemple. L’idée du baby bus est d’aller dans ces secteurs-là. L’idée est qu’un maximum de familles profitent de ce service", souligne Frédéric Turblin, directeur de la CAF Réunion.
Ces "baby bus" acheminent la logistique et les communes mettent locaux à disposition. Des locaux provisoires, mais qui doivent être sécurisés et être aux normes pour accueillir des enfants. Il faut qu’ils soient propres et adaptés pour les enfants, indique Frédéric Turblin.
Il y a un planning de passage. Les parents qui habitent dans des quartiers qui ne disposent pas de crèches appellent l’association Babyland et prennent rendez-vous pour un jour spécifique, d’une semaine à l’autre. L’association a les lits, les jouets, les repas. Et l’équipe va installer la micro-crèche dans le local.
Selon Babyland, ce type de crèche "répond aux besoins des enfants mais également et surtout aux impératifs des familles en situation de pauvreté ou de précarité". "Il s’agit d’un mode de garde alternatif, polyvalent et à forte vocation sociale qui permet, en outre, aux familles de disposer d’un temps pour eux : rendez-vous, besoin de temps pour des démarches administratives diverses, parfois médicales, besoin de répit familial, recherche d’emploi, participation à des formations."
De là à élargir ces micro-crèches dans l’ensemble des communes de l’île, tout dépendra des municipalités, selon Frédéric Turblin. "C’est un service assez coûteux qui doit trouver son public. Il faut que les élus adhèrent. (...) L’objectif est vraiment d’aller vers les familles qui en ont le plus besoin", conclut le directeur de la CAF. Les 10 premières communes qui diront oui au projet pourront y bénéficier "sur la base du premier arrivé, premier servi".