C’est au bord des larmes et "au bout du rouleau" que l’on trouve Séverine Beldan dans sa vidéo publiée vendredi 13 octobre. Mère de deux enfants de jumeaux atteints de troubles dys, elle nous raconte sa situation.
Les troubles dits « dys » (dyslexie, dysorthographie et dysgraphie) se manifestent par des confusions et inversions de sons et de lettres, des fautes d’orthographe, voire une écriture lente et illisible. Aujourd’hui, il y a, en moyenne, 2 élèves atteints de ce syndrome dans les classes françaises.
Séverine Beldan, a publié une vidéo sur Facebook sur les manquements du système scolaire concernant l’inclusion de ces enfants. Son « coup de gueule » a su résonner auprès des autres parents vivant une situation similaire sur l‘île et en métropole. Elle nous raconte les causes de son « appel à l’aide ».
Antenne Réunion : C’est la première fois que vous partagez une vidéo sur les réseaux sociaux, pouvez-vous nous expliquer votre démarche ?
Séverine Beldan : Cela a été complètement spontanée, comme une sensation brûlante en moi qu’il fallait que je fasse quelque chose, car la mère que je suis se sens dépassée par la situation.
Mathis et Raphaël, nos deux enfants sont jumeaux et sont nés grands prématurés à 6 mois. Ils ont désormais 12 ans et sont diagnostiqués handicapés de 50 à 90% de troubles dys.
A la rentrée, au collège Domitile à l’Entre-Deux, mes fils avaient, pour les aider pendant leur journée, une AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) « particulière ». Deux semaines après, elle leur a été retirée par « manque de moyen », c’était la réponse officielle du collège.
L’autre AESH, qui a été formée avec les moyens mis en place par l’éducation nationale, doit donc depuis gérer toute la classe et est à bout. Nos enfants ne veulent plus retourner à l’école car on ne les prend pas en considération. On a alerté le collège, le CPE mais ils nous disent qu’ils ne peuvent rien faire.
Il faut des moyens pour accompagner des enfants atteints de trouble dys et on ne les a pas. Le handicap mental dans le système éducatif, surtout quand il n’est pas visible, est encore trop mal compris.
A.R. : Le ministre Gabriel était venu en visite cet été, le 18 août, et a fait des annonces pour améliorer la situation sur l’île (création de 180 postes d’AESH et de 28 postes d’enseignants). Qu’en pensez-vous ?
S. B. : C’est une vaste blague et juste un coup de communication quand on voit les moyens qu’ont les enseignants pour travailler, c’est honteux. Ce que l’on voit surtout c’est qu’il y a moins d’AESH depuis sa venue.
A. R. : Quels genres de réactions a suscité votre vidéo auprès des parents vivant la même situation ? Comment voyez-vous la suite ?
J’ai pu voir énormément de témoignages de mère et de père que me disent que ma situation n’est pas isolée. Cela m’a énormément conforté sur le fait que je n’allais rien lâcher pour mes enfants aient la meilleure éducation possible. Quand j’ai vu tous ces retours, cela m’a booster.
Ma détermination est à l’image de l’amour que j’ai pour eux donc je ferai le maximum pour que mes enfants et ceux qui subissent la même situation aient l’éducation qu’ils méritent.
Je ferai tout pour que cela bouge enfin et que l’on soit entendu jusque-là haut, au ministère de l’éducation. Je pense à ce que l’on devienne partie civile ou à créer une association. J’ai envie que nous tous, parents d’enfants dys deviennent de véritables lanceurs d’alerte sur ce système éducatif à bout de souffle à pas du tout à l’écoute dès que l’on sort de la norme. Ma vidéo est un véritable appel à l’aide.