La Ministre de la Santé Marisol Touraine souhaite que la pilule soit gratuite pour les 15-18 ans. Si le public concerné salue cette initiative, certains professionnels de santé craignent une banalisation de la sexualité à long terme.
La Ministre de la Santé entend arriver à un remboursement intégral de certains contraceptifs pour les jeunes âgés de 15 à 18 ans. C’est dans ce cadre qu’un amendement sera ajouté au projet de Loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2013.
Le projet qui doit être présenté au Parlement prochainement suscite les plus vifs débats. Pour Marisol Touraine, il s’agit notamment de faciliter l’accès à la pilule - le contraceptif le plus utilisé en France - aux jeunes filles mineures, et ainsi réduire le nombre de grossesses non désirées. Un nombre encore trop important aujourd’hui, tant dans l’hexagone qu’à la Réunion (11,3 avortements pour 1000 mineures en France en moyenne, selon un rapport de la Direction des Recherches).
Les jeunes Réunionnais interrogés soulignent l’importance d’une telle mesure, qui selon eux, permettra de limiter de façon significative le nombre d’avortements.
Mathilde, 15 ans, est élève au collègue Juliette Dodu. La pilule remboursée à 100% par la Sécurité Sociale, pour elle, c’est un dispositif qui méritait d’être mis en place. Interrogée pour Antenne Réunion radio, l’adolescente émet cependant des réserves : "c’est bien mais ça protège pas du sida par exemple".
Mathieu, 15 ans, est lycéen à St-Denis. Lui aussi a son avis sur la question. Il estime que le remboursement intégral de la pilule contraceptive permettra aux jeunes filles de se protéger sans avoir à affronter le regard et les jugements de leurs proches. La question financière serait aussi réglée. Les jeunes filles qui n’ont pas les moyens de se payer leur contraception pourront y accéder plus aisément.
Dans plusieurs familles, la sexualité et la contraception demeurent des sujets tabous. Lycéens dans un établissement du chef-lieu, Maxime et Quentin voient d’un bon oeil la mise en place de ce projet. Les deux adolescents jugent cependant que le remboursement doit s’étendre à tous les moyens de contraception car, la pilule ne suffit pas à protéger des maladies sexuellement transmissibles.
Le docteur Paul Arssizé est obstétricien à la Réunion. Pour ce praticien, la pilule est un incontournable de la contraception. S’il salue l’initiative du gouvernement, le gynécologue s’inquiète toutefois des dérives qui pourraient naître avec cette mesure.
Au micro d’Antenne Réunion radio, l’obstétricien explique ainsi que la gratuité de la pilule doit s’accompagner d’opérations d’information et de sensibilisation, sans quoi, le risque de banalisation de la sexualité chez les jeunes serait accru.
A la Réunion où la religion impose des tabous à la sexualité, Paul Arssizé rappelle que les jeunes ont besoin de repères pour pouvoir utiliser la contraception dans de bonnes conditions. Le praticien souligne l’importance pour les jeunes filles de coupler la pilule contraceptive au préservatif.