C’est la Semaine nationale de la lutte contre le cancer. Marie est une Réunionnaise et mère de famille de deux enfants âgés de 17 et 22 ans. À la veille de ses 49 ans, elle apprend qu’elle souffre d’un cancer du sein avec une tumeur confirmée par une biopsie. Après plusieurs traitements et des changements dans sa vie personnelle et professionnelle, la maman a vaincu son cancer et témoigne pour LINFO.re.
Je suis Marie, travailleuse indépendante dans l’immobilier et maman de 2 enfants de 17 et 22 ans.
À la veille de mes 49 ans j’ai senti une boule à mon sein gauche et j’ai pris rendez-vous avec mon gynéco qui a détecté une tumeur confirmée par une biopsie.
En une semaine, j’ai été prise en charge avec une opération de la tumeur sans ablation du sein.
Ma vie personnelle a été bouleversée, des personnes se sont éloignées de moi par peur de la maladie et de la mort. D’autres se sont rapprochées parce qu’elles ressentaient mon besoin d’être soutenue dans cette épreuve. Mes enfants sont un réel soutien pour le plus jeune il a pris en maturité.
Professionnellement, j’ai rapidement prévenu mes clients parce que je savais que j’allais être moins disponible en raison des séances de chimio qui allaient commencer. Financièrement, je savais qu’en tant qu’indépendante, cela allait être difficile parce que les indemnités journalières n’étaient que de 300 e par mois.
Physiquement, il y a eu des bouleversements la ménopause précoce avec les bouffées de chaleur, les nausées. En particulier lors des 3 premières grosses chimio, la fameuse chute de cheveux, les séances de chimio toutes les semaines qui vous grillent votre journée.
J’ai fait de belles rencontres, des femmes qui ont eu le cancer il y a 20 ans et qui étaient toujours vivantes pour encourager celles qui allaient traverser cette épreuve. Mais aussi des clientes qui vivaient la même épreuve que moi et n’avaient pas osé en parler pour ne pas déranger, des ambulanciers empathiques et patients, des kinés spécialisés et d’une grande gentillesse qui me servent parfois de psy. Une psy très humble, un oncologue qui me rappelle qu’on ne meurt pas du cancer du sein quand il est bien pris en charge, de nombreux spécialistes qui restent très humains.
J’ai fait deux opérations : une pour enlever la tumeur, l’autre pour installer le port à cath qui sert à injecter le produit lors de la chimio. Pour être sur d’enrayer la maladie j’ai eu 15 séances de chimio et maintenant je vais passer par la radio thérapie journalière pendant 6 semaines et les 5 prochaines années je serai sous hormonothérapie.
Le traitement est lourd parfois épuisant mais pour moi, le véritable combat est mental, je suis plutôt sportive et non-fumeuse et j’ai plutôt une vie saine. J’ai eu beaucoup de mal à accepter d’être la seule de la famille à avoir eu ce cancer. Au début, je me suis sentie seule bien qu’entourée par des personnes aimantes face à cette épreuve. Parce qu’il y a des souffrances qui ne se partagent pas même avec d’autres femmes qui ont un cancer. Cette maladie ne se partage pas réellement parce que nous sommes toutes uniques.
Aujourd’hui, j’attendais dans la salle d’attente de l’oncologue et j’ai ressenti, alors que je suis en fin de chimio, cette angoisse face à la mort (alors que je sais que je suis guérie), je voyais des patients qui venaient d’apprendre leur maladie et d’autres qui étaient en cours de traitement.
Le combat est aussi se souvenir qu’on est en vie, qu’on doit profiter de chaque minute en les savourant. J’ai changé définitivement mon regard sur les petits problèmes du quotidien, tout est relatif maintenant. Souvent, je pense aux femmes qui sont décédées suite au cancer. Si aujourd’hui le cancer du sein est un de ceux qui se soigne le mieux, c’est grâce à elles, la science a fait de gros progrès et on peut s’en sortir, on a le droit de pleurer lorsque l’on apprend qu’on est malade mais la prise en charge en France est exceptionnelle et c’est une vraie chance.
Il y a des associations avec de superbes personnes qui peuvent nous soutenir. C’est aussi une maladie qui nous apprend beaucoup sur nous et notre entourage. Savoir s’en faire une alliée permet de tenir debout et de tout surmonter.
Matthieu Patou-Parvédy