Le projet de loi de bioéthique a été définitivement adopté mardi, après 22 mois de discussions, à l’Assemblée nationale. La PMA (procréation médicalement assistée), un parcours du combattant pour des hommes et des femmes qui rêvent de fonder une famille.
De plus en plus de couples ont recours à la PMA. Si au départ, seuls les couples infertiles avaient le droit, depuis hier, cette disposition est étendue aux femmes seules et aux couples lesbiens.
À La Réunion, de nombreux couples envisagent cette procédure pour avoir des enfants.
Selon des spécialistes, les couples ont plus recours à la PMA, non pas forcément en raison de l’infertilité, mais en raison d’autres facteurs.
"Il y a une évolution sociétale. Les femmes envisagent plus tard leur grossesse et donc ont plus de difficultés pour avoir un enfant. Il y a également une évolution dans la pratique et l’accès aux soins. Certains couples ne consultaient pas avant. Après il peut également y avoir plus de problèmes masculins avec la dégradation de la qualité des spermatozoïdes", nous explique Mathias Deleflie, gynécologue-obstétricien.
La fertilité peut être affectée par de multiples facteurs : âge de la femme, âge de l’homme, maladies génétiques, diverses pathologies générales ou leurs traitements, expositions à certains produits toxiques, traumatismes, facteurs environnementaux, parfois psychologiques…
Parmi ceux-ci figurent également :
· Le tabac
· L’excès d’alcool, chez la femme comme chez l’homme
· La prise de drogues : cannabis, héroïne, cocaïne, hallucinogènes
· L’excès de poids et la maigreur excessive chez la femme
Les causes d’infertilité sont multiples : lorsqu’elles existent, elles peuvent être féminines (1/3 des cas), masculines (1/3 des cas), mixtes (1/3 des cas)
Féminines
L’âge maternel : la fertilité commence à décroitre à 35 ans chez la femme en moyenne, mais est variable pour chaque femme (parfois avant 30 ans)
· Troubles ovulatoires c’est-à-dire incapacité à produire un ovocyte capable d’être fécondé
· Obstruction des trompes
· Défaut de la glaire cervicale
· Causes endocriniennes entrainant un dérèglement hormonal : pathologie de la thyroïde, excès de prolactine
· Une anomalie au niveau de l’utérus : fibromes, polypes, malformations utérines
· Facteurs vaginaux : vaginisme entrainant une impossibilité d’avoir des rapports sexuels
Masculines
· Anomalie des critères spermatiques
· Trouble de la fonction érectile
· Anomalie génétique : anomalies au niveau du caryotype (translocations)
Mesure-phare du texte, l’accès à la PMA pour les femmes célibataires ou en couple de femmes sera remboursé par la Sécurité sociale, comme c’est le cas pour les couples infertiles, qui étaient les seuls autorisés à y recourir jusqu’à présent.
Des critères d’âge seront rappelés par décret (la prise en charge actuelle est fixée à 43 ans).
Un mécanisme de filiation spécifique est prévu pour les couples de femmes. Afin d’établir un lien entre la mère qui ne porte pas l’enfant et celui-ci, les deux mères devront effectuer une reconnaissance conjointe anticipée devant notaire, en même temps que le consentement au don requis pour tous les couples. Cette reconnaissance conjointe anticipée sera mentionnée sur l’acte de naissance intégral de l’enfant.
Pendant trois ans, les couples de femmes ayant conçu un enfant par PMA à l’étranger avant la loi pourront aussi bénéficier de cette disposition.
Outre la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes, le projet de loi, contient plusieurs autres dispositions sociétales importantes, telles que l’autoconservation des ovocytes sans raison médicale ou un nouveau droit d’accès aux origines pour les personnes nées grâce à un don.
D’autres mesures longuement discutées, telles que la PMA post-mortem ou pour les personnes transgenres, ainsi que la méthode ROPA, qui consiste à utiliser les ovocytes de la deuxième mère qui ne porte pas l’enfant, n’ont pas été retenues.