Le CHU de la Réunion disposera prochainement d’un nouveau protocole de prélèvements d’organes sur donneurs décédés. La mise en place de ce dispositif, qui concerne les donneurs en arrêt de traitement en réanimation, appelés « donneurs Maastricht III », a été évalué par une visite de l’Agence de la biomédecine cette semaine à La Réunion, et aboutira très prochainement à la signature d’une convention avec le CHU de La Réunion engageant les deux parties à respecter les termes très stricts du protocole et permettant le démarrage de cette activité.
Les donneurs décédés après arrêt circulatoire font l’objet d’une classification décidée lors d’une conférence internationale à Maastricht en 1995. Le prélèvement d’organes dit Maastricht III est autorisé en France depuis 2014, sur des patients hospitalisés en réanimation et dont les lésions, gravissimes, conduisent les équipes, en accord avec les proches, à un arrêt des traitements devenus inutiles. La procédure Maastricht III découle de la loi Leonetti de 2005, ayant introduit la notion de limitation et d’arrêt des thérapeutiques. Elle est en outre facilitée par la loi Claeys-Leonetti de 2016, qui instaure un droit à la sédation profonde et continue, tout en mettant l’accent sur les directives anticipées.
A la Réunion, les dons d’organes ont lieu sur des donneurs à « cœur battant » ou en état de mort encéphalique. Le protocole Maastricht III a donc pour ambition d’accroître le nombre de greffons disponibles alors que la barre symbolique des 1000 greffes de reins a été dépassée à La Réunion.
Les prélèvements de type Maastricht III nécessitent un savoir-faire de haute technicité des équipes médicales, chirurgicales, soignantes, mais aussi psychologiques, gérant le processus du prélèvement à la greffe, pour que cette nouvelle activité se développe de manière pérenne au CHU de La Réunion.
Ce n’est qu’après avoir acté la décision d’arrêter les traitements que l’équipe médicale et la coordination consultent et informent les proches du patient quant à l’éventualité du don d’organes. Le respect de cette chronologie est absolument nécessaire pour éviter toute interférence entre la décision d’arrêt des traitements et la question du don d’organes, dans le respect d’un cadre éthique exigeant.
Lorsque la non-opposition du défunt au don d’organes est recueillie auprès des proches et vérifiée par consultation du registre national des refus, des examens complémentaires sont réalisés pour déterminer la sécurité sanitaire des greffons, avant le démarrage du processus de prélèvement puis de greffe.
Le respect de l’anonymat entre donneur et receveur est un principe fondamental inviolable en France. Les proches d’un donneur ne doivent en aucun cas pouvoir identifier le ou les receveurs ; de même, il doit être impossible aux bénéficiaires du don de pouvoir connaître l’identité d’un donneur ou de ses proches. Cet aspect est d’autant plus important et sensible sur un territoire insulaire comme La Réunion. La règle du consentement présumé, la gratuité du don, l’équité dans la proposition des greffons sont les autres principes fondamentaux de ce protocole.
Pour accompagner le déploiement de ce nouveau dispositif au CHU de La Réunion, des représentants de l’Agence Nationale de la Biomédecine ont passé plusieurs semaines sur l’île afin de proposer des moments d’échange et de formation au personnel hospitalier du CHU de La Réunion. En appui de ’Agence de la biomédecine, l’équipe de la coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus du Centre Hospitalier Annecy Genevois, pionnière en France sur le sujet, a également fait le déplacement sur l’île afin de former leurs homologues réunionnais du CHU de La Réunion.
Le point d’orgue de cette visite, une conférence ouverte à l’ensemble du personnel hospitalier du CHU de La Réunion a été organisée au sein de l’amphithéâtre de l’IFSI Sud le mercredi 2 novembre dernier.