9 Réunionnais sur 10 ont déjà utilisé des plantes pour se soigner et selon la dernière étude de l’ODR (Office de Développement pour la Réunion), 43% continuent d’en utiliser régulièrement pour guérir petits et grands maux.
Le 7e Colloque international sur les plantes aromatiques et médicinales des régions d’Outre-mer (CIPAM) s’ouvre demain au Parc des Expositions de Saint-Denis. 160 experts venus de 16 pays différents sont attendus. Pendant 4 jours, les plantes aromatiques et médicinales seront traitées sous divers aspects par ces spécialistes.
C’est une véritable plateforme internationale d’échanges et de diffusion des travaux scientifiques récents. L’occasion également de revenir sur l’utilisation de ces plantes médicinales dans notre île.
A La Réunion, la tradition des tisanes et autres bains se perpétuent malgré les progrès de la médecine. Au moins 147 plantes différentes sont utilisées par les familles réunionnaises. Les plus connues sont la cannelle, la citronnelle ou encore l’ayapana.
Les Réunionnais se procurent souvent ces plantes sur le marché forain où les tisaneurs leur procurent également de précieux conseils pour bien se soigner. Adèle est tisaneuse depuis 18 ans, installée au Petit marché de Saint-Denis. Selon elle, si les plantes médicinales sont très prisées par les Réunionnais, il ne faut tout de même pas négliger les médicaments.
Elle affirment que ses clients "ne sont jamais venus (lui) dire que (ses) plantes n’étaient pas bonnes". Elle raconte qu’elle leur donne parfois "de la tisane pour dégonfler" quand les médicaments font enfler. Mais elle met en garde : "il ne faut pas arrêter les médicaments. Les herbes sont là pour aider" avant tout.
Il faut prendre tous les aspects des plantes et la prudence est conseillée lors de leur utilisation. Claude Marodon - président de l’Aplamédom, une association pour la promotion des plantes aromatiques et médicinales dans les Dom - explique que "les plantes sont une vraie usine de molécules et ces molécules ont un impact sur la santé".
Il ajoute que "ce n’est pas anodin de prendre des plantes. Ce n’est pas quelque chose d’inoffensif. Il faut les prendre à bon escient. Il faut bien les connaître. Il faut s’informer parce que c’est pas parce qu’elles sont d’origine naturelle qu’elles ne sont pas toxiques. La connaissance ainsi que les limites sur l’utilisation des plantes sont aussi importantes que leur usage naturel. Tout est une question d’équilibre".
Selon lui, les plantes médicinales "font partie de la culture réunionnaise. Comme l’île est éloignée et isolée géographiquement de la métropole, on a toujours gardé cette tradition dans les familles. On a toujours un petit coin de jardin avec deux ou trois plantes".
Mais Claude Marodon estime qu’il y a "aussi l’aspect ’retour vers le naturel’ qui a plus de l’ampleur chez nous. Les épidémies successives de chikungunya, de dengue et de grippe ont certainement favorisé l’utilisation des plantes".
Il faut noter que 60% des médicaments proviennent de molécules extraites des plantes. Egalement pharmacien, Claude Marodon incite les personnes à se soigner avec les plantes. "Quand il y a des petits maux qui peuvent être soignés par des plantes, il vaut mieux soigner avec des plantes. Ca peut être aussi un conseil de bien-être et de maintien de la bonne santé. On peut aussi faire usage de temps en temps, de plantes pour la digestion mais pas pour soigner dans le sens ’maladie’".
L’aspect financier de la commercialisation de ces plantes n’est pas négligeable non plus. Les plantes médicinales peuvent devenir une source de revenus importante pour les tisaneurs et elles peuvent être pour notre département "l’or vert tant attendu", conclut Claude Maraudon.