Selon le dernier point épidémiologique, 46 suspicions de dengue ont été détectés depuis le 1er janvier 2012 dont sept cas autochtones. Selon les autorités sanitaires, la circulation virale risque de s’intensifier car le taux d’immunité de la population
est très faible et la situation actuelle particulièrement propice au vecteur.
Une circulation du virus de la dengue a été mise en évidence dans l’ouest de l’île suite à la détection de sept cas autochtones. Suite à ce nouveau bilan, la situation épidémiologique correspond au niveau d’alerte 2A : « Identification d’un regroupement de cas autochtones ».
Point épidémiologique portant sur la dengue à la Réunion
Situation épidémiologique à la Réunion au 2 avril 2012 :
Depuis le 1er janvier 2012, 46 suspicions de dengue ont été investiguées conjointement par le service de lutte antivectorielle de l’Agence de santé océan Indien (ARS OI) et la Cire OI. Parmi ces suspicions, 12 se sont avérés être des cas probables (7) ou confirmés (5) de dengue, dont :
5 sont des cas importés de Thaïlande, d’Inde ou d’Indonésie (1 confirmé et 4 probables) ;
7 sont des cas autochtones (4 confirmés et 3 probables).
La mise en évidence de sept cas de dengue ayant été infectés sur le territoire depuis le début de l’année révèle l’apparition d’une circulation autochtone du virus sur l’île.
Rappels sur la maladie
Dans sa forme classique, la dengue se caractérise par une hyperthermie d’apparition brutale accompagnée d’un ou plusieurs des symptômes suivants : frissons, céphalées, douleurs articulaires et/ou musculaires, nausées, vomissements. Une éruption cutanée peut également survenir, généralement vers le 5e jour des symptômes.
Dans 2 à 4% des cas, le patient peut évoluer vers une forme sévère caractérisée par des manifestations hémorragiques majeures, une fuite plasmatique sévère pouvant conduire à un état de choc, et/ou une défaillance d’un ou plusieurs organes (Figure 1).
A noter également qu’il existe une proportion élevée (jusqu’à 80%) de formes asymptomatiques.
Quels risques pour les semaines à venir ?
S’il est impossible de prédire l’évolution de la situation, deux paramètres actuellement réunis à la Réunion augmentent le risque d’intensification de la transmission du virus : un faible taux d’immunité de la population réunionnaise contre le virus de la dengue, couplé à des conditions climatiques favorables au vecteur. Le début de circulation virale récemment mis en évidence dans l’ouest de l’île risque donc de s’intensifier dans les semaines à venir.
Une immunité quasiment inexistante
Une étude de séroprévalence menée par l’ARS OI et la Cire OI en collaboration avec l’établissement français du sang (EFS) et le CHU de la Réunion a permis d’estimer le taux d’immunité contre la dengue dans une population de donneurs de sang. Cette étude a révélé que seulement 3,1% des réunionnais ayant donné leur sang en 2008 étaient porteurs d’anticorps contre la dengue, traduisant une infection passée.
Bien que la population des donneurs ne soit pas totalement représentative de la population générale de l’île, cette étude suggère que la très grande majorité de la population réunionnaise ne disposerait d’aucune immunité contre le virus de la dengue.
Des conditions climatiques très propices au vecteur
La période actuelle est particulièrement favorable au bon développement des moustiques du fait de la régularité des précipitations associée à des températures élevées. Les fortes précipitations de cette fin de mois de mars devraient encore accentuer le phénomène dans les semaines à venir. Aedes albopictus, le vecteur de a dengue à La Réunion, est un moustique urbain qui cherche à pondre dans tous les récipients contenant de l’eau claire.
Sa surveillance révèle que les indicateurs entomologiques sont en constante progression depuis le mois de décembre ; en mars, 25% des maisons contrôlées présentaient des gîtes productifs (récipients contenant de l’eau et des larves de moustiques) contre 15% en décembre 2011. Le secteur ouest actuellement touché par la circulation du virus de la dengue ne déroge pas à la règle, avec en mars 25% des maisons contrôlées présentant des gîtes larvaires et 64 gîtes détruits pour 100 maisons.