Déjà en place depuis 2009, le pharmacien correspondant est désigné par le patient pour suppléer le médecin traitant en cas d’urgence ou lorsque celui-ci est injoignable. Dans le décret paru le dimanche 30 mai, leurs missions sont étendues et les démarches simplifiées. Renouvellement d’ordonnance, adaptation des posologies… Ce dispositif interroge.
Dans le cadre de la réforme du système de santé français lancée en 2019, ce décret vient redéfinir les prérogatives des médecins et pharmaciens.
Les pharmaciens avaient déjà la possibilité de renouveler, a minima et exceptionnellement, un traitement de plus de trois mois en délivrant une boîte de médicaments "petit format". Depuis peu, les spécialistes nommés "correspondants" peuvent "renouveler périodiquement des traitements chroniques et ajuster, si besoin, leur posologie", explique le décret.
D’ordinaire, ces missions étaient réservées au médecin traitant. Désormais, avec l’accord de ce dernier, la prescription médicale pourra comporter "une mention autorisant le renouvellement par le pharmacien correspondant de tout ou partie des traitements prescrits ainsi que, le cas échéant, une mention autorisant l’ajustement de posologie de tout ou partie des traitements".
Selon un pharmacien, cette redéfinition des prérogatives ne devrait pas se faire sentir tout de suite. "Cela arrive à un moment où il y a une grande préoccupation autour du Covid, des vaccins, donc je pense que cela va mettre du temps avant de se mettre en place", prévoit-il.
Pour les patients, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Ludo* par exemple continuera de se référer uniquement à son médecin. Il ne souhaite pas encore désigner son pharmacien comme "correspondant". "Je suis intransigeant et je continuerai d’avoir exactement ce que le médecin m’a prescrit. Les médicaments génériques, c’est la seule exception", déclare-t-il.
Pour un médecin dionysien, ce décret est inadapté, notamment car il est à "double tranchant". L’annonce de ces nouvelles missions est synonyme d’inquiétude : "J’ai peur des dérives. Le médecin et le pharmacien vont peut-être renouveler une ordonnance par facilité, ou par sympathie pour le client, mais est-ce que ce n’est pas préjudiciable pour le patient ?" s’interroge-t-il.
rappelle un pharmacien à La Trinité. "Nous sommes pour un meilleur suivi des patients. Le but, c’est de leur éviter de passer une heure à attendre dans un cabinet pour un médicament qui leur a déjà été prescrit". Il insiste, car rien ne peut se faire sans l’accord du médecin traitant. D’ailleurs, certains médicaments ne peuvent être renouvelés du tout, comme ceux à base de morphine par exemple.