Chaque fin de semaine, des familles réunionnaises sont confrontées au même problème : le manque de médecins pour signer un acte de décès. En plus de gérer un deuil, les proches doivent garder le corps chez eux. Un amendement déposé à l’Assemblée Nationale pourrait changer les choses en permettant aux infirmiers de signer l’acte de décès.
Julie a perdu sa grand-mère un vendredi soir à 19h30. Lorsqu’elle appelle pour faire constater le décès, personne ne répond, ni SOS Médecin, ni l’hôpital. Il faudra plus de 24 heures pour faire constater le décès par un médecin. Pendant ce temps c’est l’attente.
Une attente compliquée à vivre. “On a dû organiser deux veillées en attendant un professionnel. C’est dur pour les familles, surtout pour commencer la phase de deuil”, témoigne Julie.
Dans cet établissement funéraire, ouvrir le certificat de décès aux infirmiers est une piste intéressante pour Thomas Boyer, responsable du centre funéraire rue maréchal Leclerc à Saint-Denis. “C’est une bonne piste mais c’est une mesurette. Elle ne répond pas à l’ensemble des problèmes auxquels est confrontée la profession.”
Pour éviter aux familles de vivre la situation de Julie, un nouvel objectif, un amendement a été déposé à l’assemblée nationale par la députée Stéphanie Rist. L’objectif : permettre aux infirmiers de signer ces actes le week-end et les jours fériés.
L’Agence Régionale de Santé de La Réunion a déposé une candidature pour faire partie des trois régions pilotes de ce projet.
Une décision saluée par les professionnels de santé, comme Thomas Jung, infirmier libéral : “L’intérêt n’est pas d’empiéter sur le travail des médecins mais de venir en complément.” Ce serait dans un premier temps sur la base du volontariat. Du côté de l’ordre des médecins, le docteur Dusang voit cela d’un bon œil seulement si une formation est fournie aux infirmiers. “On sent que c’est une nécessité pour la population pour commencer rapidement les rites funéraires.”
Le ministre de la santé, en visite à La Réunion depuis ce matin, envisage le lancement du dispositif dans les trois mois. Il garantit porter un regard attentif au dossier réunionnais. Réponse attendue au début de l’année 2023.
Durant sa visite, François Braun a également rencontré le président du Département, Cyrille Melchior a abordé une problématique souvent rencontrée par les Réunionnais : celle de la délivrance des certificats de décès en particulier lors des week-ends et des jours fériés. Il lui a proposé que La Réunion soit choisie terre d’expérimentation de la rédaction du certificat de décès par des infirmier(e)s libéraux volontaires. Les professionnels de santé libéraux pourraient ainsi offrir une nouvelle réponse organisationnelle et réglementaire à la pénurie de médecins sur les week-end et jours fériés.
Carla Bucero Lanzi