Alors que l’épidémie de coronavirus gagne rapidement du terrain La Réunion, on s’interroge sur les différentes stratégies à adopter. Et si l’immunité collective était la solution ?
C’est un terme qui revient souvent depuis l’arrivée du coronavirus. L’immunité collective est définie par l’Institut Pasteur comme le "pourcentage d’une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population ne va plus transmettre le pathogène car il rencontre trop de sujets protégés". Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par l’infection naturelle ou par la vaccination. En ce qui concerne le coronavirus, aucun vaccin n’a été trouvé à ce jour.
D’abord envisagée par certains pays à l’arrivée de l’épidémie, elle a ensuite été rapidement abandonnée, considérée comme trop dangereuse. La Suède est le seul pays à avoir mis en place cette stratégie, même si elle n’est pas explicitement revendiquée par le gouvernement.
Toujours selon les calculs de l’Institut Pasteur, pour atteindre cette immunité collective, il faudrait que 70% de la population soit immunisée. Ce chiffre varie en fonction des épidémies puisqu’il dépend du taux de reproduction de base de la maladie.
Cette stratégie n’est viable que s’il est scientifiquement prouvé que la contamination naturelle protège, ce qui n’est pas le cas pour le moment.
Il semble que nos connaissances liées à la COVID-19 soient encore trop faibles et incomplètes pour mesurer les risques liés à cette stratégie.
L’autre inconvénient de taille est liée à la généralisation de la maladie. Elle implique un risque de nombreux cas graves. Comme on l’a vu en Métropole lors de la première vague, les structures de santé ont dû mal à répondre à un afflux massif de patients, notamment dans les services de réanimation.
L’immunité collective impliquerait probablement de nombreux décès, notamment parmi les publics les plus fragiles. C’est en ce sens que le ministre de la Santé Olivier Véran a exclu publiquement la mise en place de cette stratégie. "On ne peut pas se permettre d’avoir à chaque vague d’épidémie des milliers de morts, des milliers de personnes en réanimation", a-t-il déclaré au mois d’avril dernier, alors que la première vague était à son pic.
C’est pourtant la solution adoptée par la Suède depuis le début de la crise sanitaire. Alors que la plupart des pays d’Europe confinaient les populations, fermaient leurs écoles, frontières, bureaux et restaurants, la Suède a préféré laisser le virus se propager dans la population, espérant atteindre cet état d’immunité collective. Et les résultats ne sont pas encourageants.
Selon une étude publiée en juin, environ 0,3% de la population suédoise présentait une infection active à cette période. A Stockholm, la capitale, le taux était légèrement plus élevé (0,7%). Signe d’un certain rétropédalage : à la fin du mois de juillet, le gouvernement suédois a appelé ses travailleurs à prolonger le télétravail jusqu’en 2021.