Mercredi après-midi, se tenait une conférence entre l’ARS et la Préfecture. L’occasion de faire un point sur la situation et les cas de coronavirus à La Réunion.
Nous l’avons appris ce matin, 15 cas de coronavirus sont désormais confirmés sur notre île.
Pour soigner ces patients, les personnels de santé doivent disposer de protections. Or, il n’y en aurait pas suffisamment.
L’ARS l’a confirmé, "il n’y a pas assez de masques pour tous les professionnels de santé à La Réunion".
Une nouvelle livraison de masque est attendue. "Une répartition équitable sera possible pour les médecins, pharmaciens et infirmiers."
Coronavirus : l’ARS fait le point sur la situation
"Messieurs les présidents, Pour faire suite à notre réunion de travail du 17 mars 2020, je tiens à vous confirmer que l’ARS a bien l’intention de considérer les infirmiers et pharmaciens libéraux comme les professionnels de santé éligibles, en toute première priorité à présent (après que les médecins généralistes aient été pour chacun d’eux approvisionnés) à la distribution de masques chirurgicaux par prélèvement sur le stock État et ce, en parfaite conformité avec la doctrine nationale portée par le président de la république lui-même, et bien sûr le ministre de la Santé.
Je confirme et précise également que c’est bien parce que les quantités résiduelles aujourd’hui disponibles en officines de pharmacie ne permettent pas de distribuer équitablement, c’est-à-dire sans discrimination aucune entre les membres de ces deux professions (ce qui ne serait pas acceptable d’un point de vue éthique), que je me dois d’attendre l’arrivée de la deuxième livraison des stocks État.
En même temps j’ai renouvelé la consigne (déjà donnée samedi dernier), auprès des officines, de “sanctuariser” les quantités résiduelles et je me donne les moyens d’avoir une vision exhaustive et actualisée de ce que sont ces quantités. Je précise enfin que, selon les indications publiques du directeur général de la Santé (DGS) d’hier soir, cette livraison doit être à présent imminente quand bien même La Réunion ne fait pas partie, selon les critères du ministère, des zones à forte circulation comme beaucoup de départements de métropole ou les autres départements d’OM.
Je sais et comprends vos inquiétudes et j’espère pouvoir vous convaincre de ma volonté, pleine et entière, de pouvoir assurer cette distribution à très court terme sur la base des quantités aujourd’hui référencées, selon la doctrine nationale, par profession de santé. Je pense utile, de vous préciser que la doctrine gouvernementale, donc nationale, des masques entre les territoires et les professions de santé a été à présent communiquée aux officines par le biais de la lettre réseau CNAM « délivrance en ville ». Cette doctrine prévoit clairement la distinction géographique entre les zones d’expositions à risques dont La Réunion ne fait pas partie (heureusement et on l’espère pour longtemps) du reste du territoire. Ainsi, pour ce dernier, seuls les médecins généralistes, infirmiers et pharmaciens seront destinataires des masques. La liste des « zones d’exposition à risque » est bien évidemment évolutive dès lors que le seuil épidémique, chiffré par le ministère de la Santé à 10 cas contaminés pour 100 000 habitants, est atteint, soit, pour La Réunion, un seuil minimal de 85 cas contaminés à comparer aux 14 de ce jour. Je vous prie d’agréer, Messieurs les présidents, l’assurance de ma parfaite considération", explique Martine Ladoucette, directrice générale ARS La Réunion.
Le député de La Réunion Jean-Hugues Ratenon a dénoncé cette situation en adressant un courrier à Olivier Veran, ministre des Solidarités et de la Santé.
"Monsieur le Ministre,
Je suis profondément scandalisé et choqué de la façon dont est gérée la situation de crise liée au coronavirus à la Réunion.
En effet, alors que lundi soir dans son discours à la Nation, le Chef de l’Etat assurait que le Gouvernement fera tout pour livrer des masques aux professionnels de santé, hier 18 mars un mail du directeur de la régulation et de la gestion de l’office des soins à l’ARS demande aux pharmaciens de ne plus procéder à des distributions de masques aux professionnels de santé, les premiers pourtant exposés aux risques.
Dans une conférence de presse en fin d’après midi hier, la directrice de l’ARS a reconnu qu’il y a un problème quantitatif de livraison de masques pour la Réunion et qu’elle a dû faire des choix.
De qui se moque t-on ? Je dénonce cette attitude qui, non seulement fait prendre de très gros risques à ces personnels dévoués et qui continuent tant bien que mal à effectuer leur mission ; mais en plus créée un sentiment de peur dans la population qui se sent abandonnée par les autorités.
Par ailleurs, le syndicat des ambulanciers tire aussi la sonnette d’alarme : la préfecture et l’ARS ne donnent pas suite à sa demande de fourniture de matériels de protection alors que les stocks s’épuisent rapidement. Des ambulanciers qui, comme le souligne le syndicat, sont les premiers maillons de la chaine santé.
Aussi, Monsieur le Ministre, je souhaiterais que vous éclaircissiez cette situation ; que les moyens de protection soient donnés aux professionnels de santé, peu importe le coût a dit le Président de la République, la santé n’a pas de prix.
La Réunion compte aujourd’hui 19 cas avérés de coronavirus ; nous sommes pour l’instant épargnés de la propagation de façon fulgurante du virus ; mais avec de telles décisions insensées, irréfléchies le bilan risque de s’alourdir très rapidement.
C’est pourquoi, je vous demande d’intervenir rapidement pour qu’il y ait un nombre suffisant de masques et qu’ils soient attribués aux professionnels de santé, les forces de l’ordre, les pompiers, les personnels de grandes surfaces ; aux aides à domicile, bref à tous ceux qui sont en première ligne pour nous protéger. Ces professionnels ont droit au respect, d’être protégés, et se sentir soutenus par l’Etat.
Dans l’attente d’une réponse rapide, compte tenu de l’urgence, je vous prie de croire Monsieur le Ministre en l’expression de ma Haute Considération."