Des scientifiques du "National Institute of Allergy and Infectious Diseases" (NIAID) ont développé un vaccin expérimental contre le virus du chikungunya efficace sur des macaques et des souris. Ces résultats qui relancent la possibilité de développement d’un vaccin chez l’homme viennent d’être publiés dans la revue Nature Medicine.
Le virus du chikungunya est transmis par les moustiques et a infecté des millions de personnes en Afrique, en Asie dans le sous-continent indien et dans notre île. Actuellement, il n’existe pas de vaccin humain ou de remède contre le chikungunya et seuls les symptômes sont traités.
La communauté scientifique a publié récemment plusieurs études sur le chikungunya, relançant ainsi la lutte contre cette maladie invalidante qui provoque de la fièvre et des douleurs articulaires sévères.
Des chercheurs français viennent de découvrir que le virus du chikungunya persistait dans les macrophages, expliquant ainsi la réapparition de certains symptômes (douleurs articulaires et musculaires, céphalées) un an après l’infection. Ces résultats ouvrent la voie au développement de nouvelles thérapies et traitement prophylactiques de la maladie.
Aux Etats-Unis, la lutte contre les maladies tropicales est l’une des priorités du NIAID. Les chercheurs d’une des équipes du NIAID ont développé un vaccin contre le chikungunya au sein du "Vaccine Research Center" (VRC). Cette recherche a été réalisée en collaboration avec des investigateurs de l’Université Purdue, l’Université du Texas à Galveston, et "Bioqual Inc.", une entreprise privée basée à Rockville (Maryland).
Pour le développement de leur vaccin, les scientifiques ont utilisé des pseudo-particules virales (VLP). Les VLP ressemblent aux particules du virus chikungunya, mais ne peuvent pas provoquer d’infection : elles sont constituées à partir des protéines qui enveloppent le virus (protéines de surface) mais ne contiennent pas le matériel génétique nécessaire à la réplication virale.
Les VLP sont reconnues par le système immunitaire, qui présentent les antigènes viraux et fabrique ensuite des anticorps contre le virus. Les VLP peuvent donc être utilisés en toute sécurité comme vaccin pour obtenir des réponses immunitaires spécifiques.
Les chercheurs ont immunisé des macaques rhésus avec des VLP obtenues à partir du virus du chikungunya. Après 15 semaines, les animaux ont été exposés au virus. Les résultats ont montré que les VLP offraient une protection complète contre l’infection par le virus. Les scientifiques ont ensuite montré que des anticorps spécifiques étaient responsables de cette protection immunitaire.
Pour confirmer l’activité et la présence de ces anticorps, ils ont transféré le sérum des macaques vaccinés chez des souris dépourvues de système immunitaire. Les souris ont été exposées à une dose létale de virus du chikungunya et ont survécu.
Les chercheurs ont ainsi observé que le sérum avait protégé les souris de l’infection. Cela indique qu’un mécanisme de protection humorale (faisant appel à des anticorps) a bien été mis en jeu.