Ce samedi 21 septembre marque la journée mondiale de l’Alzheimer. A La Réunion, on compte 10 000 cas déclarés. Cette situation est aussi une épreuve pour les proches qui se retrouvent aidant. C’est le cas de Luc, 64 ans, habitant aux Avirons. Son père a été déclaré comme étant atteint d’Alzheimer et sa mère est sénile.
Cela fait maintenant 10 ans que le père de Luc a été diagnostiqué comme étant atteint d’Alzheimer. La perte de repères a été une première alerte. "Mon père était officier de l’armée de l’air, il donnait les indications concernant les plans de vol des avions militaires. Une fois à la retraite, à 47 ans, il n’a plus voulu bouger. Tout comme ma maman, qui ne travaillait pas. Quand je l’invitai à la maison, il se perdait. Il était incapable de venir chez moi. C’est là que j’ai commencé à comprendre", raconte Luc.
Il y a trois ans, son père, 92 ans, et sa mère, 89 ans, sont arrivés à La Réunion et depuis Luc s’en occupe tous les jours.
"Fort heureusement, ici on est très bien aidé notamment avec les aides du Département. J’ai eu 110 heures par mois d’aide à domicile." Cette aide de la vie au quotidien lui permet aussi d’avoir du temps pour lui, sinon cela "serait extrêmement compliqué. Ce sont des gens en plein délire en permanence. Ils n’ont plus de conscience de la vie humaine. Voir ses parents se dégrader ce n’est pas facile..."
Si son père a pu être diagnostiqué, sa mère n’a pas encore pu l’être. En effet, cela nécessite un passage sous IRM mais l’octogénaire porte un pacemaker ; cela n’est pas compatible avec ces examens, il faudrait toute une organisation pour le retirer - et trouver une personne pour surveiller le père de Luc en cas d’intervention. "Elle a déjà montré quelques signes mais elle a encore une certaine mobilité et quelques notions ; elle me parle de ses souvenirs. Papa lui ne me reconnaît plus du tout."
Du temps, de l’amour et de l’investissement personnel
Pour pouvoir accueillir ses parents, Luc a dû aménager son logement en installant par exemple des portillons, des caméras, des lits adaptés. Ou encore adapter sa salle de bain en ne mettant pas de marche. Et ce pour protéger ses parents. Cela nécessite donc un certain investissement. Comme le rappelle Luc, des aides existent pour les aidants. Les familles peuvent se tourner vers le Département ou encore des associations. "Il faut changer leurs couches 3 à 4 fois par jour, on peut les retrouver debout au milieu de la nuit car ils peuvent inverser le jour et la nuit..." Des gestes au quotidien qui nous paraissent simples, intuitifs, peuvent être impossibles pour les personnes atteintes d’Alzheimer. Comme manger tout seul ou aller aux toilettes.
"L’Alzheimer c’est une dégradation des neurones, d’une part cognitive, et ils sont faibles sur les défenses immunitaires. Tous les 3-4 mois par exemple j’emmène mon papa au CHU en cas d’infections", poursuit-il.
Luc souhaite également adresser un message aux personnes qui se trouvent dans la même situation d’aidant pour les personnes atteintes de cette maladie : "Il y a énormément d’associations qui aident les aidants, et qui aussi les patients. Il ne faut pas rester seul, ne pas s’isoler, être bien entouré. Ca serait ingérable sans les aides".
Comme tient à le souligner Luc, "c’était de mon devoir de m’en occuper, j’irai jusqu’au bout".
Retrouvez le témoignage de Luc, dans le journal de ce samedi.
- Eva Françoise