Victimologue et psychothérapeute, Alexandra Muller est l’invitée du 19h d’Antenne Réunion.
Un homme qui tue sa compagne ou son ex-compagne puis qui souhaite se donner la mort, le scénario est fréquent, comme lors du drame qui s’est produit ce lundi au Chaudron.
Il arrive aussi que les enfants ou des proches soient présents. Pourquoi un tel drame se produit, comment se reconstruire après ? Éléments de réponse avec Alexandra Muller, victimologue psychothérapeute.
Comment expliquer le passage à l’acte ? Le fait de poignarder, de tuer quelqu’un que l’on aime ou que l’on a aimé.
"L’explication est toujours compliquée à donner car il n’y en a pas qu’une seule. Nous ne sommes pas programmés pour tuer, et encore moins les gens qu’on aime. Une des hypothèses possibles est que le passé de cet homme était empli de traumatisme et qu’un élément déclencheur a ouvert le mécanisme de survie. Libérant une énergie telle au niveau de son corps qu’elle a été démesurée au niveau du psychisme, expliquant une pulsion meurtrière."
Lundi, le meurtrier présumé a tenté de mettre fin à ses jours juste après avoir poignardé sa compagne.
Pour Alexandra Muller, "cette pulsion meurtrière dure une fraction de seconde et elle est complètement incontrôlable et inconsciente. Et là la douleur est insoutenable. Un fois que l’on a passé cette fraction de seconde, on se rend compte de l’acte commis. Et là la douleur est insoutenable. L’une des façons de calmer cette douleur est de retourner l’arme contre soi."
Lors de procès, certains meurtriers expliquent leurs gestes en parlant d’un amour passionnel. Aimer et tuer, "c’est réellement un paradoxe. À partir du moment où une émotion est trop excessive, elle va entraîner des comportements irrationnels."
L’homme concerné dans cette affaire est dans un état critique mais toujours en vie. Alexandra Muller explique comment va intervenir le professionnel qui le rencontre après.
"Il faut essayer déjà de connaître son histoire, l’histoire de son enfance, quels traumatismes il a pu subir. Quels événements ont pu déclencher cette pulsion meurtrière. Et ensuite essayer de l’aider le mieux possible."
Malheureusement, il arrive que les enfants soient témoins du drame. La reconstruction est difficile mais possible.
"C’est toujours très compliqué pour les enfants de se reconstruire, surtout lorsqu’ils ont perdu leur parents. Après ils ont une capacité d’adaptation extraordinaire. Avec un accompagnement psychologique des grands-parents ou familial, il peuvent se reconstruire."
Victimologue psychothérapeute, Alexandra Muller utilise la technique de l’EMDR (en anglais : eye movement desensitization and reprocessing).
"C’est un retraitement et une désensibilisation des traumatismes psychiques par des mouvements oculaires. Cette thérapie qui a 30 ans a été découverte fortuitement par Francine Shapiro. Elle est reconnue aujourd’hui par les hautes autorités de santé et l’OMS. Ces mouvement oculaires vont désensibiliser les images chocs. C’est-à-dire tout ce qui a été vécu par quelqu’un et qui a été trop brutal."