Ce 30 mars est la Journée mondiale de lutte contre les troubles bipolaires, une maladie psychique très peu connue. Une femme diagnostiquée bipolaire il y a 20 ans a accepté de témoigner.
"On est enthousiastes le matin, et le soir on est mal dans sa peau, jusqu’à penser au suicide ou faire une tentative de suicide. Dans la vie de tous les jours ce n’est pas facile à gérer, parce que les gens ne comprennent pas notre situation. On a beau faire ce que l’on veut, c’est très difficile pour les autres de comprendre la souffrance des personnes atteintes de troubles bipolaires" explique Stéphanie (prénom d’emprunt).
Âgée de 43 ans, diagnostiquée bipolaire depuis 20 ans, elle a souhaité témoigner sur sa difficulté à vivre au quotidien avec sa maladie.
"Ça fait mal dans la tête car je me dis qu’à tout moment je peux tomber je peux faire une chute et ne pas me relever. C’est très difficile pour soi mais aussi pour l’entourage".
"C’est pour ça que j’ai si peu d’amis. Ils ne peuvent pas comprendre pourquoi mardi je suis avec eux au restaurant, et mercredi je suis en réanimation au CHU de Bellepierre. Je vis cloîtrée chez moi à part l’hôpital de jour notamment, ou je vais chez mes parents à proximité".
Entourée d’un psychiatre, d’un psychologue et de deux infirmières, la quadragénaire ressent le besoin d’échanger avec d’autres personnes souffrant comme elle de troubles bipolaires.
"On arrive de parler ensemble de notre pathologie, de mettre des mots sur nos différents degrés de souffrance. On peut participer à des activités, comme jouer à la pétanque, aux dominos, faire du sport, tout en étant bipolaire".
Maladie psychique très peu connue, la bipolarité (autrefois appelée psychoses maniaco-dépressives) se caractérise par une alternance entre une phase d’euphorie et des périodes de baisse de l’humeur (dépression), qui entraînent des difficultés importantes au niveau de la pensée, des actes, des émotions, du comportement et de l’état de santé global.
Classés parmi les dix pathologies les plus invalidantes selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ils restent associés, en cas de prise en charge insuffisante, à une mortalité prématurée due principalement à l’association à des pathologies médicales, en particulier cardio-vasculaires, ainsi qu’à une désinsertion sociale et professionnelle.
- Entre 650 000 et 1,5 million de personnes atteintes de troubles bipolaires en France selon la Haute Autorité de Santé (HAS)
- 15-25 ans : c’est l’âge du pic d’apparition des troubles bipolaires
- 10 ans de retard au diagnostic entre un premier épisode et la mise en place d’un traitement régulateur de l’humeur
- 10 à 20 ans d’espérance de vie en moins par rapport à la population générale
- 25 % des patients risquent de commettre une tentative de suicide